• A consulter régulièrement, ce site qui publie le réglement de nombreux concours et prix littéraires:

     

    KANATA


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    Titre: L'insolente de Kaboul

    Auteur: Chékéba Hachémi

    Editeur: Anne Carrière 2011

    ISBN: 978-2-8433-7570-5

    278 pages

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    Récit autobiographique d'une Afghane devenue française qui se bat depuis toujours pour son pays en général et pour l'amélioration de la condition des femmes en particulier.

    L'histoire commence lorsque Chébéka, tout juste âgée de huit ans, quitte clandestinement Kaboul vers le Pakistan, d'abord avec sa mère puis seule, avec un passeur et un groupuscule de kaboulis fuyant l'occupation soviétique.

     

    Dès le départ le lecteur est pris dans les péripéties d'une vie qui ne va plus cesser, particulièrement dès que la jeune fille devient femme, de se dérouler à un rythme haletant, dans une succession de voyages entre la France et l'Afghanistan, dans une série étourdissante d'actes militants, dans un réseau impressionnant que Chébéka tisse patiemment, infatigablement, et qui la met en relation intime avec les plus célèbres commandants afghans (dont Massoud) et des personnalités politiques françaises, aghanes, belges, européennes de premier plan.

     

    Le style est alerte, sans fioritures: le romanesque, la poésie n'ont pas leur place ici. Le réalisme est de mise, parfois terrible, souvent sordide, fréquemment exaltant.La rapidité narrative reflète l'allure trépidante de Chébéka dans la course en avant qu'elle mène pour essayer d'inverser, de contrarier, ou d'accélérer le cours de l'histoire d'un pays où tout va, elle finit par le constater un tant soit peu désabusée, de mal en pis.

     

    Même si son combat, quotidien, épuisant se heurte jour après jour à des obstacles toujours renouvelés, même s'il semble aboutir à un triste échec, Chébéka Hachémi, indéfectiblement attachée par l'ombilic à son pays d'origine, viscéralement proche de ses compatriotes humiliées et persécutées, reste, à l'heure où paraît ce livre, engagée dans une action individuelle et collective qui force l'admiration.

     

    Lecture incontournable!

     

    Patryck Froissart

    Saint-Paul, le 12 janvier 2011


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    Titre: Strip hotel

    Auteur: Jacques Astruc

    Editeur: ErosOnyx Editions, 2011

    Collection Eoliens/Eoliennes

    ISBN: 978-2-918444-09-1

    106 pages

     

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    Le narrateur, un tout jeune homme, prend la route, quelque part aux Etats-Unis, au lendemain du meurtre de sa mère par son père et du suicide consécutif de ce dernier.

     

    Son errance l'amène au Strip Hotel, une ancienne maison close où d'étranges personnages, échoués là un jour comme lui, louent une chambre au mois et semblent avoir choisi de s'y cacher, de s'y isoler définitivement du reste du monde.

    Parmi ces locataires sans futur, le narrateur remarque immédiatement Lolita Mercier, prostituée en chambre, de qui il tombe éperdument amoureux.

    Cette passion pour la pensionnaire de la chambre 72, qui se situe juste au-dessous de la sienne, ancre le jeune homme au Strip Hotel.

    Jusqu'au dénouement tragique de ce petit roman, il ne lui adressera jamais la parole, elle ne remarquera jamais son existence.

    Il épiera toutes ses allées et venues, guettera l'arrivée et le départ de chacun de ses clients, pénétrera dans son intimité en collant l'oreille au plancher, partagera sa vie sans jamais aucun contact.

     

    L'histoire est originale, et la lecture n'en est point ennuyeuse. L'auteur a voulu et a su raconter la naissance et le développement d'une fixation passionnelle et sexuelle, obsessionnelle jusqu'à la folie.

     

    Le "format" choisi me gêne. Strip hotel est soit un roman trop court, soit une nouvelle trop longue. On y tourne vite en rond. Ceci n'est pas forcément incompatible avec le récit d'une névrose, mais on a rapidement l'impression que l'auteur en rajoute, pour allonger son texte, sans apporter, au bout d'un moment, quoi que ce soit de nouveau.

     

    Par ailleurs il est évident que Jacques Astruc s'est complu à tenter de faire monter la sauce de l'érotisme, sans, à mon avis, y réussir à cause de la trop grande accumulation et de la trop fréquente répétition des termes crus et des scènes de sexe, ce qui nous fait sortir de la sensualité pour nous conduire à plusieurs reprises dans la vulgarité.

     

    Il y a sans doute des lecteurs, ou des lectrices, à qui plaira ce réalisme-là. C'est une affaire de goût.

     

    Pour ma part, je trouve le procédé d'autant plus regrettable que l'auteur est par ailleurs souvent capable d'une écriture poétique d'une grande qualité littéraire.

     

    Plus de poésie, moins de crudité, plus de concision, voilà qui eût pu hausser ce récit à un meilleur niveau.

     

    Patryck Froissart, St Paul, lundi 9 janvier 2012

     

     


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    Titre: Ne vous représentez pas!

    Auteur: Denis Jeambar

    Editeur: Flammarion 2011

    ISBN: 978-2-0812-6487-8

    260 pages


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    Cette lettre ouverte à Nicolas Sarkozy est un réquisitoire lucide, sans beaucoup de concessions, contre le comportement du président le plus impopulaire de la 5e République, et une analyse critique des décisions prises durant ce lamentable quinquennat 2007/2012.


     

    La comparaison systématique entre la France de 1789 et celle d'aujourd'hui, entre Sarkozy et Louis XVI, qui sert un peu de fil conducteur à ce pamphlet qui ne veut pas dire son nom, est hasardeuse et discutable.


     

    La quinzaine d'angles d'attaque qui constituent autant de chapitres et qui aboutissent, selon l'auteur, à autant de grandes raisons qui justifieraient que Sarkozy renonce à se représenter en 2012 me semble assez judicieusement choisie.


     

    Par contre Jeambar se trompe et se contredit chaque fois qu'il accorde de l'intelligence à Sarkozy, et encore plus lorsqu'il le trouve brillant.

    Car dans le même texte il prouve cent fois la sottise, évidente pour moi, du personnage; il liste ses innombrables bourdes, il montre que ce piètre discoureur parle et décide à l'instinct, à l'impulsion, en réaction immédiate, sans réflexion, sans prise de distance, sans perspective, sans recul, sans jamais tenir compte des leçons éventuelles du passé. Il affirme, fort justement, que toutes les prises de décision se fondent sur des calculs électoraux peu cohérents, parfois même contradictoires. Il fait le compte de tout ce qui a été décrété dans l'urgence et jamais ou très peu suivi d'effet.

    En somme, Jeambar consacre un livre entier à démontrer la sottise d'un gesticulateur qu'il qualifie d'intelligent.


     

    Cette contradiction, reposant sur une erreur d'appréciation du personnage qu'ont commise et que commettent toujours de nombreux commentateurs, se trouve résumée dans cette phrase de la page 78: "Impossible de mettre en doute votre remarquable intelligence, et pourtant vous ne parvenez pas à comprendre..."


     

    Non, Denis Jeambar, Sarkozy n'est pas intelligent. C'est bien à cause de son manque d'intelligence que notre pays aura connu durant ce quinquennat l'une des périodes les plus désastreuses de son histoire. Et c'est bien parce qu'il n'est pas intelligent qu'il va se représenter!


     

    Pour le reste, ce livre répond aux règles du genre. Si le fond en est presque toujours pertinent, la forme en est celle de l'écrit rapide, urgent, conjoncturel, qui doit être publié ici et maintenant, et qui sera dépassé, inutile, désuet, à jeter dans quelques mois.


     

    Je ne peux m'empêcher de déplorer des fautes d'orthographe ("changées" page 97)...


     

    Ceci étant, on peut recommander la lecture de cet ouvrage à ceux qui seraient encore tentés de voter Sarkozy en avril prochain.


     


     

    Patryck Froissart

    Saint Paul, le 27 décembre 2011

     


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    Titre: Le nom perdu du soleil

    Auteur: Pierre Pelot

    Editions Denoël, 1998

    ISBN 2.207.24500.4

    366 pages

    Préface par Yves Coppens

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    Ce roman violent est la suite de celui que Pierre Pelot a publié sous le titre «Sous le vent du monde», l'ensemble constituant une saga qualifiée par Yves Coppens, qui a apporté à l'auteur sa collaboration scientifique, de paléofiction exotique à dater d'un million d'années.

    On y assiste à la rencontre d'un peuple préhistorique, celui des Loh, depuis longtemps «territorialisés», et d'une petite tribu, celle des Xuah qui, après plusieurs générations de sédentarisation, ont décidé de reprendre leur marche vers l'orient, à la recherche du nom du soleil.

    Les Xuah ont appris l'art précieux de conserver le feu qu'ils attrapent mais ne savent pas l'allumer.

    Les Loh possèdent une connaissance assez poussée de l'usage médicinal des plantes, ont développé la notion de la dualité corps/âme et d'une vie post mortem, ont structuré un espace tribal étendu donnant lieu à des retrouvailles régulières, festives, rituelles, et savent nommer le soleil.

     

    Les Loh et les Xuah parlent des langues totalement différentes, rudimentaires, créées de toutes pièces, au prix d'un travail remarquable, par Pierre Pelot.

     

    Les Loh séjournent d'un côté du fleuve et ne le franchissent jamais. Les Xuah cheminent sur l'autre rive. Un évènement exceptionnel oblige un jour un Loh, Aaknah, à traverser. La transgression lui permet d'apercevoir, de loin, le foyer autour de quoi est assemblée la tribu nomade. De retour chez les siens, Aaknah raconte mais n'est pas cru. Un menteur n'a plus la parole. Aaknah s'enfuit avec un jeune et trois femmes, décidé à rejoindre «ceux qui ne sont pas des Loh mais qui sont comme des Loh» et qui possèdent le feu.

    Le petit groupe de fuyards, poursuivi par des hommes Loh qui ne peuvent accepter le rapt des femmes, trouve les Xuah qui, entre-temps, ont perdu le feu, et, malgré l'obstacle linguistique, malgré les différences culturelles, après maintes scènes d'échanges que Pierre Pelot sait empreindre d'émotion, après des épreuves sanglantes, dramatiques, infligées par les poursuivants Loh, les survivants constitueront un nouveau peuple, et un jour naîtra le premier Xuah-Loh.

     

    Les péripéties s'enchaînent, la poursuite est haletante, les combats sont sans merci, la nature est hostile. La pluie, quasi continue (l'auteur nous apprend, en postface, qu'il a pris pour décor naturel l'actuelle Birmanie), et le fleuve, puissant et mangeur d'hommes, font de l'eau l'élément dominant, celui qui vainc et tue le feu.

    La possession clanique des femmes est, naturellement, ataviquement, motif de guerre.

     

    Mais la belle leçon du roman est ce métissage, fruit du hasard d'une rencontre, qui, multiplié dans l'espace infini et le temps illimité de l'homo erectus, produira l'homme moderne.

     

    Détail amusant: ce roman, dont l'un des thèmes récurrents porte sur la course quotidienne du soleil, compte 365 pages et quart...

     

    Merci, Pierre Pelot.

     

    Patryck Froissart, St Paul, le 24 septembre 2011


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