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    Titre: American psycho

    Auteur: Bret Easton Ellis

    Traduit de l'américain par Alain Defossé

    Editeur: Salvy (1992)

    ISBN: 2-905899-31-X

     

    Voilà un roman dérangeant, hors normes, tant pour la forme que pour le thème.

     

    Le héros, Patrick, en est le narrateur.

    Plein aux as, habile spéculateur boursier, il est obsédé par le luxe, les marques, le "bon" goût dans le choix, maniaque, de ses tenues vestimentaires "uniquement de marques", par la recherche incessante des restaurants les plus branchés, des groupes musicaux et des chanteurs dont il est de bon ton de tout connaître, des personnes qu'il faut fréquenter et dont il faut savoir tout ce qui les concerne, des femmes avec qui il convient de coucher, et aussi des drogues qu'il est nécessaire de consommer.

    Patrick Bateman, selon l'expression consacrée, est un "golden boy", dont la principale occupation, outre le fait d'effectuer des transactions juteuses, est de se faire voir.

    Patrick Bateman est donc un personnage public.

    Mais il y a deux Patrick Bateman...

    Sorti de la lumière clinquante des endroits à la mode, Patrick se transforme en un autre type de maniaque, sexuel, sadique, sanguinaire.

    On passe ainsi d'une scène de "salon où on cause", ponctuée de futilités, de mondanités, de déclinaisons pointilleuses des marques, couleurs, matières de cravates, de pantalons, de chemises, de chaussettes...à des récits hallucinants de tortures, de sévices sexuels, de dépeçages, d'anthropophagie...

    Le roman est fait pour provoquer la nausée, incessamment, chapitre après chapitre, tantôt par les descriptions minutieuses des produits de consommation de luxe, tantôt par la fadeur des conversations de ceux de ce monde du paraître, de l'argent facile, du factice, tantôt par la haine que ces gens manifestent à l'encontre des pauvres, tantôt par le déferlement de cruauté, de sang et de sperme à quoi le lecteur est invité à assister.

    Bret Easton Ellis est un des plus grands écrivains de notre époque.

    Il montre d'une manière crue tout ce dont l'homme est capable.

     

    Patryck Froissart

    St Paul, le 5 novembre 2010

     


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    PUBLICATION  
     

    15/05/2006
     
    Title: l'Eloge de l'opaque ellipse de Patryck Froissart

    L'EXPRESS du 15 mai 2006

    Il suffisait d’y penser. L’idée de départ du nouvel ouvrage de Patryck Froissart est attirante à plus d’un titre. L ‘éloge de l’opaque ellipse de Patryck Froissart sera lancé le vendredi 19 mai à l’Alliance française à Bell Village.


    “Je suis parti d’un problème littéraire, dans la plupart des romans, il y a des ellipses.” Ces phrases succinctes et frustrantes qui résument le temps qui passe par la simple phrase : 15 ans ou 20 ans plus tard. “J’ai cherché ce qu’il y a entre les événements. J’ai imaginé que l’ellipse, c’est l’absence de l’être que l’on aime.”

    Mais pas une absence vécue dans la mélancolie. Ce n’est pas là le propos de Patryck Froissart. “J’ai voulu faire de l’absence une plénitude.” Pour atteindre son objectif, celui de l’éternel retour, celui qui attend joue à se faire peur. Sans faire de la psychologie de bas étage, disons que Patryck Froissart a vu juste. 

    C’est là l’un des réflexes les plus courants de l’âme humaine. Quelqu’un qui ne voit pas rentrer l’aimé s’imagine qu’il lui est arrivé malheur. 

    Patryck Froissart, lui, s’imagine que la personne absente a été ravie par quelqu’un d’autre. Mais pas n’importe quel autre. “J’ai personnifié la raison, c’est un Dieu de l’époque solaire”, explique–t-il

    C’est là qu’intervient le vécu du poète. Recteur de l’école du Centre à Moka, il réside à Maurice depuis cinq ans. Un lustre à s’imprégner de culture indienne – nous l’avons d’ailleurs rencontré dans un restaurant indien. Au point où ses croyances tendent aussi vers la réincarnation, autre éternel retour où les cycles ne sont jamais finis. 


    Le récit d’un long voyage, d’un abandon prolongé 

    “Dans l’imagination poétique, cela peut s’étendre sur des époques très longues, des millénaires”. Jouant au jeu de hasard des patronymes, Patryck Froissart s’est imaginé vivant les amours de Jean Froissart, chroniqueur français, reconnu pour avoir dépeint le monde féodal entre 1325 et 1400. 

    Là où l’idée devient apocalypse – le précédent ouvrage de Patryck Froissart s’intitulait justement L’éloge de l’Apocalypse – c’est que le présent ouvrage frappe par son côté hermétique. 

    Faibles en vocabulaire s’abstenir. Certes le propre du poète est la création des mots, leur agencement d’une manière particulière, une manière qui n’a rien à voir avec la lecture au quotidien. Mais le mélange de mots anciens et de termes savants a le malencontreux effet de rebuter au premier abord le lecteur. 

    Persévérant, nous continuons la lecture de ce “proème”, terme que Patryck Froissart (sur un ton de confidence) pensait avoir inventé ? Jusqu’à ce qu’il ne découvre que dans son acception grecque, ce mot signifie “commencement”. 

    Début d’un long voyage, d’un long abandon aussi, dans les ténèbres de l’absence. Celle qui vous fait vaciller sous le vertige du désespoir, au plus noir de la nuit. Celle qui pousse dans les bras d’une péripatéticienne. Avant que ne se ravive l’espoir des retrouvailles, au jour venu. 

    Et si le sens des mots nous échappe, si les sous-entendus, les raccourcis dans l’expression de la pensée de Patryck Froissart dépassent, et de loin, notre entendement, il reste le vibrant sens du rythme du poète. 




     



    EXTRAIT


    L’encrier
    Met la larme
    Au vélin
    Au velours



    Au raisin
    Au chagrin
    Je la livre
    A ma plume



    Dans mes carnets
    Encalminée
    Dans mes missels
    Illuminée
    Dans mes grimoires
    Enluminée
    Dans mes mémoires 
    Enracinée
    Dans mes romans
    Endulcinée



    Hideuse mer,
    Pleutre citerne
    Rends – moi ma perle
    Ou je te fers,

    Volant Excalibur des mains de Lancelot,
    De fiers donquichottesques coups d’épée dans l’eau.

    On m’appelait Simon le Magicien. Ils ont raconté ( et leurs chuchotements ont projeté dans l’air des postillons de souffre) que je pérégrinais avec une péripatéticienne.

    L’aubergiste ne loge pas par charité. La gnose ne nourrit pas son homme. Il faut avoir la vocation de la mendicité. Je ne l’avais pas, dans ce chapitre-là.

    Ma compagne était mon viatique : son art me pourvoyait en viande et loyer, ses bras me faisaient don de roses reposées. Je ne la renierai pas. !


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  • A la découverte du bourg médiéval de Duravel
    Jean FROISSART relaterapporte que les duravelloises se comportèrent vaillamment.

    Jean FROISSART relate dans ses chroniques que durant ce siège on fit usage d'artillerie tout récemment apparue dans les affrontements...

     

    A lire en ligne sur:

    Duravel


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  • Les Six-Bourgeois de Calais ou la « manipulation de l'Histoire »

    lundi 15.02.2010, 05:02 - La Voix du Nord

     Stéphane Curveiller s'est appuyé pour ses travaux sur l'ouvrage de Jean-Marie Moeglin. Stéphane Curveiller s'est appuyé pour ses travaux sur l'ouvrage de Jean-Marie Moeglin.

    |  ON EN PARLE |

    L'histoire des Six-Bourgeois de Calais ne serait-elle pas qu'un mythe ? A la suite de ses propres travaux, et en s'appuyant sur l'ouvrage d'un éminent confrère, le médiéviste calaisien Stéphane Curveillera de longue date acquisla conviction que le sacrifice des Bourgeois de Calais relève d'une « manipulation de l'Histoire ».


    L'histoire, hélas, n'est pas une science exacte. Elle ne résiste pas aux modes, à la déformation intéressée des faits, aux récits complaisants.

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    Avec minutie, avec rigueur, les historiens doivent pourtant s'employer à reconstituer les faits, avec l'unique préoccupation d'approcher au plus près la vérité historique. Telle n'a sans doute pas été la démarche de l'illustre Froissart, historien du XIVe siècle, dont les récits et les chroniques relatives au siège de Calais ont accompagné la scolarité de milliers d'élèves.

    Si la version de Froissart a traversé les siècles, le médiéviste calaisien Stéphane Curveiller ne craint pas pour autant de mettre la parole de l'illustre chroniqueur en doute. Ainsi n'hésite-t-il jamais à heurter son auditoire lorsque, au gré de conférences ou d'interventions, l'occasion lui est donnée de revenir sur l'histoire des Six-Bourgeois, pour expliquer que leur « dévouement » ou leur « sacrifice » sont loin d'être attestés par les faits. Et s'ils ont réellement existé, ont-ils bien été les protagonistes de l'épisode immortalisé par Rodin ? Rien n'est moins sûr.

    « Un historien n'est pas là pour plaire », tranche Stéphane Curveiller. « Les gens aiment les certitudes et ils n'aiment pas être perturbés. » Le public l'est souvent, pourtant, lorsque Stéphane Curveiller souligne que, s'agissant des Six-Bourgeois, « les incertitudes sont déconcertantes, dès que l'on tente d'aborder l'événementiel ou même les origines du mythe ».

    D'abord, observe Stéphane Curveiller, les chroniques de Froissart « ont oeuvré largement à la diffusion de la "légende". Mais nombre d'entre elles sont bien postérieures au siège de Calais ; elles sont même revues et corrigées comme nous le prouve à maints égards l'oeuvre du chroniqueur ».

    Mais pourquoi diable Jean Froissart aurait-il délibérément modifié les faits ? « L'oeuvre de Jean Froissart est révélatrice de la carrière de l'écrivain et des différents mécénats dont il a pu bénéficier » explique Stéphane Curveiller. En ce sens, les versions de Froissart et leurs orientations auraient été dictées par la volonté de « plaire avant tout à son mécène », l'Angleterre ou la France, selon les périodes. « L'attitude opportuniste adoptée par le chroniqueur tantôt en faveur d'un camp, tantôt en faveur de l'autre, à l'image du mercenaire pour les armées, l'oriente naturellement vers le plus offrant et se traduit dans ses écrits parfois de façon contradictoire ».

    L'histoire des Bourgeois serait ainsi romancée ? « Nous n'avons en effet aucune certitude historique. Rappelons que la première écriture relatant le siège de 1347 ne date en réalité que de 1385-1390, même si l'événement est relaté en 1358 par Jean le Bel ! La déformation s'accentue inévitablement avec le temps. » S'agissant des Six-Bourgeois eux-mêmes, « la perplexité s'accroît dans la mesure où Jean le Bel, dont s'est inspiré Froissart, ne cite qu'un seul bourgeois, Eustache de Saint-Pierre. Seuls d'autres écrits mentionnent ensuite Jean d'Aire, Jacques et Pierre de Wissant. Quant aux derniers, Jean de Fiennes et Andrieu d'Andres, ils ne semblent exister que dans les écrits tardifs de Froissart ».

    Mais pourquoi avoir augmenté le nombre des Bourgeois avec le temps ? « L'auteur a délibérément voulu renforcer l'effet dramatique de l'événement en multipliant le nombre de soumis. L'originalité de ce mythe réside dans le fait qu'il devient "collectif". Mais les textes n'accréditent pas un dévouement exemplaire », tel qu'il a été immortalisé par la statue de Rodin. Mais cette oeuvre majeure de l'artiste, universellement connue, a eu définitivement raison de la vérité historique, en assurant pourtant la postérité de Calais. Paradoxe de l'histoire... •

    PASCAL MARTINACHE

    « Les bourgeois de Calais », chez Albin Michel


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