• Titre : Introduction à la vie littéraire du XVIIe siècle

    Auteur : Jean-Claude Tournand

    Editeur : Armand Colin 2005

    ISBN : 220034466X

    191 pages

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    Voici un ouvrage, au sens noble du terme, qui offre à ses pratiquants une synthèse remarquable des lectures, diverses, éparpillées dans le temps, qu’ils ont pu faire des grands auteurs français du siècle classique.

    Rassembler ce qui, dans leur esprit, est forcément épars, trouver un sens à chacune des périodes, à chacun des courants littéraires abordés, et établir et constater la cohérence de la relation qui mène de l’un à l’autre, ce n’était pas chose facile, s’agissant d’un siècle qui aura vu se succéder et coexister l’humanisme de la Renaissance, le libertinage littéraire, le baroque, la préciosité, l’idéal de l’honnête homme, le jansénisme, et ces auteurs universellement reconnus et fondamentalement différents que sont, dans le désordre, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Descartes, Pascal, Charron, François de Sales, Fénelon, Bossuet, Fontenelle, Huyghens, Théophile de Viau, Malherbe, La Rochefoucauld, Madame de Lafayette, La Bruyère, et j’en oublie.

    J’ai dit « fondamentalement différents » et j’ai ajouté « dans le désordre ».

    Justement, Jean-Claude Tournand nous dit le contraire, et il le démontre magistralement.

    Tous ces hommes, tous ces courants littéraires et philosophiques ont un lien, un lien fort : l’amour-propre, né en littérature avec Montaigne au siècle précédent.

    Dans ce monde où la courtoisie est devenue la courtisanerie, où l’épopée n’est plus de mode, germent et se développent l’amour de soi, l’orgueil de soi, l’absolue nécessité de paraître pour être, tous ces aspects fondateurs de l’individualisme que l’auteur décèle même dans les écrits de ceux qui en dénoncent (déjà) les effets néfastes.

    Plutôt qu’une « introduction à la vie littéraire du XVIIe siècle », nous disposons, avec cette œuvre, d’une passionnante étude, resituée dans le contexte socio-historique, de la philosophie des textes et des auteurs du grand siècle, dont nous avons le devoir de faire connaître la richesse à nos collégiens, lycéens et étudiants, n’en déplaise à ceux, ignares et dangereux, qui prennent prétexte de leur prétendue difficulté pour les écarter de plus en plus des programmes scolaires.

    Puisse la lecture de ce livre donner envie à ceux, dont je suis, qui ont une connaissance fragmentaire de la littérature du XVIIe siècle, de se replonger dans ce grand siècle français dont on peut dire, sans chauvinisme, qu’il est admiré et envié.

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    Patryck Froissart, St Benoît, le 22 novembre 2006


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  • Titre : Introduction à la vie littéraire du XVIIe siècle

    Auteur : Jean-Claude Tournand

    Editeur : Armand Colin 2005

    ISBN : 220034466X

    191 pages

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    Voici un ouvrage, au sens noble du terme, qui offre à ses pratiquants une synthèse remarquable des lectures, diverses, éparpillées dans le temps, qu’ils ont pu faire des grands auteurs français du siècle classique.

    Rassembler ce qui, dans leur esprit, est forcément épars, trouver un sens à chacune des périodes, à chacun des courants littéraires abordés, et établir et constater la cohérence de la relation qui mène de l’un à l’autre, ce n’était pas chose facile, s’agissant d’un siècle qui aura vu se succéder et coexister l’humanisme de la Renaissance, le libertinage littéraire, le baroque, la préciosité, l’idéal de l’honnête homme, le jansénisme, et ces auteurs universellement reconnus et fondamentalement différents que sont, dans le désordre, Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Descartes, Pascal, Charron, François de Sales, Fénelon, Bossuet, Fontenelle, Huyghens, Théophile de Viau, Malherbe, La Rochefoucauld, Madame de Lafayette, La Bruyère, et j’en oublie.

    J’ai dit « fondamentalement différents » et j’ai ajouté « dans le désordre ».

    Justement, Jean-Claude Tournand nous dit le contraire, et il le démontre magistralement.

    Tous ces hommes, tous ces courants littéraires et philosophiques ont un lien, un lien fort : l’amour-propre, né en littérature avec Montaigne au siècle précédent.

    Dans ce monde où la courtoisie est devenue la courtisanerie, où l’épopée n’est plus de mode, germent et se développent l’amour de soi, l’orgueil de soi, l’absolue nécessité de paraître pour être, tous ces aspects fondateurs de l’individualisme que l’auteur décèle même dans les écrits de ceux qui en dénoncent (déjà) les effets néfastes.

    Plutôt qu’une « introduction à la vie littéraire du XVIIe siècle », nous disposons, avec cette œuvre, d’une passionnante étude, resituée dans le contexte socio-historique, de la philosophie des textes et des auteurs du grand siècle, dont nous avons le devoir de faire connaître la richesse à nos collégiens, lycéens et étudiants, n’en déplaise à ceux, ignares et dangereux, qui prennent prétexte de leur prétendue difficulté pour les écarter de plus en plus des programmes scolaires.

    Puisse la lecture de ce livre donner envie à ceux, dont je suis, qui ont une connaissance fragmentaire de la littérature du XVIIe siècle, de se replonger dans ce grand siècle français dont on peut dire, sans chauvinisme, qu’il est admiré et envié.

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    Patryck Froissart, St Benoît, le 22 novembre 2006


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  • Titre : Gens des nuages

    Auteurs : Jemia et JMG Le Clézio

    Editeur : Gallimard 2003<o:p></o:p>

    Collection : Folio<o:p></o:p>

    ISBN : 2070412164<o:p></o:p>

    150 pages<o:p></o:p>

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    Ce petit livre écrit conjointement par les époux Le Clézio retrace un pèlerinage, un de ces retours aux sources, une de ces quêtes des origines qui constituent, chez JMG Le Clézio, le prétexte de la plupart de ses romans.

    Ici, c’est Jemia qui se met à la recherche de ses ancêtres, de sa tribu, les Ouled Khalifa, dont l’épopée est racontée par ailleurs dans le roman de JMG, Désert, et qui y entraîne son mari, dont l’émotion est au moins aussi forte que la sienne, quoique de nature différente, lorsqu’ils retrouvent un cousin de Jemia, Sid Brahim Salem, lorsqu’ils pénètrent dans le mausolée du saint Sidi Ahmed El Aroussi, lorsqu’ils gravissent le Rocher, le Tbeila, dans l’aride Saguia El Hamra.

    L’art de la description, de l’expression retenue des sentiments, de la mise en relation du passé et du présent, de la référence à l’histoire, et le talent poétique de JMG se mêlent à la poésie naturelle, innée, congénitale, des gens du désert, des gens des nuages, les Ahel Mouzna, dont semble avoir hérité Jemia, cette poésie consubstantielle à cette région lointaine, qui baigne les lieux d’une atmosphère mystérieuse, fugace, que ne peut saisir l’étranger, qui n’en distingue que des traces, des relents, vite effacés, emportés par le sable et le vent.

    « Il se pourrait que le devenir des hommes, fait d’injustice et de violence, ait moins de réalité que la mémoire des lieux, sculptée par l’eau et par le vent.Alors la Seguia el Hamra est bien la source de l’histoire, pour ainsi dire contemporaine des origines. N’est-ce pas là ce que nous sommes venus chercher : le signe de l’origine ? »<o:p></o:p>

    Une émouvante communion naît au fil des pages, exprimée pudiquement, entre les lignes, entre Jemia et JMG, et se glisse dans le récit de voyage, en filigrane, une belle histoire d’amour.

    Les photos de Bruno Barbey, discrètes, parfois réduites à la dimension d’un timbre-poste, dans un coin de page, comme l’oasis ou le marabout qu’on découvre au détour d’une dune, sont belles, dépouillées, choisies à bon escient.

    Un petit livre, certes, mais un bon moment de rêve et d’émotion esthétique.

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    Patryck Froissart, St Benoît, le 23 novembre 2006


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  • Titre : Les jardins de lumière

    Auteur : Amin Maalouf

    Editeur : J.C. Lattès (1991)

    Collection : Livre de Poche

    251 pages

    ISBN : 2253061778

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    Amin Maalouf raconte la vie de Mani, un Parthe du IIIe siècle, peintre renommé, du nom de qui dérive le mot « manichéen ».

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    Dans son acception courante, contemporaine, le manichéisme définit, selon le Petit Robert, « une conception dualiste du bien et du mal ». Nous sommes ainsi amenés à qualifier de manichéenne la tendance d’un individu à trancher mécaniquement, de façon rigide, sans admettre de continuum ni de voie médiane, entre Bien et Mal (exemples : Bush, Mahmoud Ahmadinejad), entre blanc et noir, entre souffrance et plaisir…

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    Or Amin Maalouf nous révèle le vrai manichéisme, qui, tout à fait a contrario, est une philosophie exceptionnelle de la tolérance et de l’acceptation de la différence, qui, si elle s’était imposée, nous aurait épargné les millions de victimes de toutes les guerres de religion, de l’Inquisition, des procès en sorcellerie, des pogroms, de l’Holocauste et du sionisme, et autres sanglants massacres dont l’animal humain possède le secret et l’exclusivité.

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    Mais, l’homme étant ce qu’il est, une idéologie de la tolérance, fondée sur le syncrétisme absolu de toutes les religions, ne pouvait qu’être condamnée, et voir ses adeptes persécutés comme hérétiques, par toutes les religions. Ce fut le cas.

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    Le livre de Maalouf retrace l’itinéraire philosophique, géographique, politique et historique de Mani, de ses compagnons, au premier rang desquels figurait son propre père, et ses relations avec les maîtres de l’empire sassanide d’une part et avec les grands prêtres zoroastriens d’autre part.

    Le récit en est semé d’embûches, de revirements de fortune, et se termine par la mise à mort du prophète de la fraternité.

    Le portrait réalisé par Maalouf fait de Mani un homme lumineux, mais simple, qui ne cache pas ses moments de doute, de découragement, et dont la force spirituelle ne dissimule pas les faiblesses inhérentes à sa nature humaine.

    Cette juste mesure du personnage, et le talent de Maalouf à restituer l’atmosphère, les événements et les détails de la vie quotidienne de l’époque rendent Mani attachant et le récit poignant à souhait.

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    Patryck Froissart, St Benoît, le 11 décembre 2006


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  • Titre : Fictions

    Auteur : Jorge Luis Borges

    Editeur : Gallimard 1965

    Collection : Folio Poche

    185 pages

    ISBN : 2070366146

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    Ce livre est un puits dans lequel on tombe sans jamais en apercevoir le fond.

    Ce livre est un labyrinthe dans lequel on tourne sans jamais en trouver ni l’issue ni la justification.

    Ce livre est une tour du haut de laquelle le regard du lecteur plonge interminablement sans jamais savoir à quoi se raccrocher.

    Ce livre est un tourbillon vertigineux.

    Ce livre est le vertige cosmique.

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    Les 17 nouvelles qui constituent ce monument baroque sont un défi continuel au rationnel, une infinité d’escaliers et de galeries qui ne mènent nulle part, sauf à une quête insensée d’un sens qui se dérobe de page en page, de piste en piste, d’étage en étage, comme dans l’hallucinante bibliothèque de Babel, dont la description est bien certainement l’architexte de Borges.

    En vérité, au commencement était le Verbe.

    En vérité, l’homme a osé vouloir se saisir, pour lui seul, du Verbe, afin d’en faire l’instrument de la toute-puissance dont il croyait être la légitime incarnation.

    Mais en vérité, le Verbe, employé à tort et à travers, galvaudé, démultiplié, comme l’image de Dieu, est mort, s’est vidé de sa substance, est devenu vain, et l’homme, désespéré, ne comprenant plus le Verbe, n’a plus compris l’homme.

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    De là vient la folie.

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    Car l’univers de ce livre est aussi celui d’âmes folles, erratiques, animées par exemple, comme Pierre Ménard, écrivain du 20e siècle, par le désir obsessionnel de recréer, de réécrire un Don Quichotte qui serait identique, à la virgule près, à celui de Cervantes, mais qui lui serait antérieur, afin de prouver que Cervantes n’aurait fait que recopier celui de Pierre Ménard.

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    « Fictions » est un livre qu’on relit, car sa magie opère, à chaque lecture, immédiatement, toujours aussi intensément, comme lorsqu’on regarde, pour la énième fois, ces tableaux en trompe-l’œil cultivant l’illusion.

    Mais, attention ! Ce livre crée l’angoisse. Il convient de savoir en maîtriser le cours…

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    Patryck Froissart, St Benoît, le 18 décembre 2006


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