• Titre : Salogi’s

    Auteur : Barlen Pyamootoo

    Editions de l’Olivier – 2008

    ISBN : 9782879295855

    138 pages

    <o:p> 


    </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Barlen Pyamootoo recueille en ce petit livre les souvenirs qui lui reviennent en vrac lors de la mort de sa mère Salogi.

    <o:p> </o:p>

    Il revit sa propre enfance pauvre à Flacq, à Maurice, l’émigration progressive de la famille vers la France et l’Angleterre, et le retour de Salogi au pays où elle meurt écrasée par un autocar à la gare de Flacq en 2005.

    <o:p> </o:p>

    L’auteur retrace, en alignant les anecdotes, la vie difficile, dans les années 70, des descendants des engagés tamouls à Maurice, et brosse pudiquement le beau portrait d’une mère capable de tous les sacrifices pour « élever » au sens propre ses sept enfants.

    <o:p> </o:p>

    La présence discrète, dans le titre de ce roman écrit en français, du « s » du cas possessif anglais, est la marque de la force des liens qui unit toute la famille à Salogi, centre, pilier, cœur et nœud de la parentèle. Il faut lire : « Nous, de Salogi ».

    <o:p> </o:p>

    Un bien bel hommage à une mère, à une dame simple et noble, qui le mérite.

    <o:p> </o:p>

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, le 28 mars 2009 


    votre commentaire
  • Titre : Les Immémoriaux

    Auteur : Victor Segalen

    Editeur : Le Seuil (1985)

    ISBN : 2020064693

    220 pages

    <o:p> </o:p>

    <o:p> 


    </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Il est des romans que porte un souffle puissant.

    Il est des romans qui témoignent.

    Il est des romans qui dénoncent.

    Il est des romans qui annoncent.

    Il est des romans qui sont des poèmes.

    Il est des romans dont l’écriture flamboie.

    Il est des romans qui illustrent la beauté de la langue dans laquelle ils sont écrits.

    Il est des romans qui bouleversent.

    Il est des romans qui transportent.

    Il est des romans qui rendent à l’Histoire le sens que l’Histoire officielle prend soin d’occulter.

    <o:p> </o:p>

    Le roman de Segalen réunit ces qualités, et bien d’autres.

    <o:p> </o:p>

    En racontant le long cheminement de Térii, Tahitien du 19e siècle que tout prédestinait à devenir un grand haèré-po (porteur de la parole ancestrale et du maro jaune), et qui finit sous-diacre revêtu du triste maro noir de l’église évangélique qui a, en l’espace d’une génération, renversé et jeté dans l’oubli les rites, les mœurs, la liberté et la sensualité des Polynésiens, Victor Segalen met en évidence la criminelle responsabilité des missionnaires chrétiens dans l’acculturation irréversible des peuples indigènes.

    <o:p> </o:p>

    Le roman est le procès sans concession de l’évangélisation, écrit par un immense écrivain qui a vécu à Tahiti, qui a assisté aux conséquences de la « civilisation », qui a recueilli avec une précision d’ethnologue les récits de ceux qui l’ont subie, et qui a su faire de cette tragique histoire une anti-épopée.

    <o:p> </o:p>

    Il y a là du Flaubert de Salammbô. Il y a là de la grande littérature. Il y a là une triste leçon de l’Histoire, dont, hélas, nos gouvernants avides n’ont rien retenu, et qu’ils continueront d’ignorer.

    <o:p> </o:p>

    Faire lire ce roman est faire acte de militantisme humaniste.

    <o:p> </o:p>

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, le 28 mars 2009

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>


    1 commentaire
  • Version:1.0 StartHTML:0000000168 EndHTML:0000004182 StartFragment:0000000468 EndFragment:0000004165

    Titre : Salih l’émerveillé

    Auteur : Yachar Kemal

    Traduit du turc par Munevver Andac

    Editeur : Gallimard (NRF) - 1990

    ISBN : 2070719219

    474 pages

     

    Salih, enfant poète, rêveur et curieux, qui vit dans un pauvre village turc de pêcheurs et de contrebandiers, recueille sur la grève une mouette à l’aile brisée, la nourrit, et cherche, des semaines durant, la personne qui sera capable de réparer l’aile et de permettre à la mouette de voler à nouveau.

     

    Sa quête, mouvementée, nous fait découvrir des personnages au fort caractère, et nous fait partager la vie quotidienne des habitants de cet endroit perdu.

     

    Sa grand-mère, tisserande connue pour les onguents miraculeux qu’elle fabrique et dont elle garde jalousement le secret, attend depuis quarante ans le retour de son mari, qui, depuis le jour de son brusque départ, n’a jamais plus donné de ses nouvelles. Acariâtre, elle déteste son petit-fils et guette le moment où elle pourra se saisir de la mouette pour l’étrangler de ses mains.

     

    Haydar le Barbu, un alcoolique qui a « ingurgité toutes les connaissances concernant les hommes et les bêtes », le docteur Yassef, que sa femme a quitté pour l’Amérique, Ali le rebouteux, dit « le Magicien », qui a passé sa vie à fouiller les montagnes à la recherche des trésors du roi Salomon, puis le pharmacien Fazil Bey, au grand désespoir de Salih, refusent de soigner la mouette et diagnostiquent méchamment sa mort prochaine.

     

    Salih porte un tee-shirt à l’effigie de Che Guevara, que lui a donné une touriste de passage. Salih ne connaît rien du Che. Il n’empêche qu’il sera arrêté par la police fasciste et violemment battu pour propagande bolchevique.

     

    Salih a deux amis : le trafiquant Métine, qu’il admire, et le patron pêcheur Temel réïs. C’est ce dernier qui guérit l’oiseau.

     

    Le roman est riche en couleurs, les personnages y sont durs, comme est rude la vie au village. Mais Salih a le don de rêver, de transposer la réalité dans le conte, et de transférer le merveilleux dans la réalité.

    L’auteur, sans transition, nous transporte ainsi du roman au conte et nous fait retomber du conte dans le réalisme du roman.

     

    Ecriture intéressante, qui donne lieu à une lecture bien agréable.

     

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, mercredi 25 mars 2009

     


    votre commentaire
  • Titre : L’Ombre

    Auteur : Ismail Kadaré

    Traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni

    Editeur : Fayard - 1994

    ISBN : 2213027560

    258 pages

    <o:p> 


    </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le narrateur, personnage central, cinéaste sans avenir, est Albanais, sous le régime communiste de Hodja, dans un pays qui a été amené à se refermer sur lui-même pour résister aux pressions politiques occidentales.

    <o:p> </o:p>

    Grâce aux pouvoirs d’appareil d’un oncle qui compte parmi les cadres du parti, il a l’opportunité d’aller étudier à Moscou puis de se rendre de temps en temps à Paris au titre de représentant officiel du cinéma albanais.

    <o:p> </o:p>

    Le roman tourne autour du corps féminin, et de l’obligation morale absolue, pour un « homme de l’Est » qui peut franchir les frontières, de multiplier les conquêtes et de les relater, de retour au pays, dans leurs plus intimes détails, en partage, aux camarades obsédés par le désir de « consommer » d’abord de la Russe, lors des études à Moscou, ensuite et surtout de l’occidentale, mieux, de la Parisienne, ce fruit défendu, ce produit de luxe, symbolique de la décadence capitaliste.

    <o:p> </o:p>

    On n’est donc pas étonné, une fois exprimée cette règle, de suivre le narrateur, au cours de ses missions dont l’objectif n’a ni importance ni sens, dans l’évocation de ses liaisons moscovites et dans les intrigues amoureuses qu’il va vivre à Paris.

    <o:p> </o:p>

    Mais à Paris il rencontre Sylvaine, avec qui sa relation est d’une autre nature, en face de qui il perd son statut d’homme habitué, par tradition, à ne voir en la femme que le sexe, à cause de qui il devient impuissant à exprimer sa virilité avec une autre belle Parisienne, Madame V.

    <o:p> </o:p>

    Son amour pour Sylvaine, qui croît de séjour en séjour, est empreint d’angoisse. Il est tourment, La sexualité y est latente, obsédante, mais refoulée, alors même que le personnage possède des photos, que Sylvaine lui a données, qui la montrent nue.

    <o:p> </o:p>

    Notre héros, lors de son ultime voyage et de leurs dernières rencontres, tente de se persuader qu’il ne peut accomplir l’acte qu’attendent de lui ses camarades restés au pays parce qu’il voit en Sylvaine sa sœur, et que le retient l’interdit de l’inceste.

    <o:p> </o:p>

    Ce récit tourmenté, fait à la première personne par un homme torturé par les frustrations engendrées par son contexte historique, est celui d’un amour qui, foncièrement, ne peut se réaliser, parce qu’il signifierait pour le héros le franchissement définitif, irréversible de la frontière qui l’enferme dans son pays, dans sa culture, dans sa personne.

    <o:p> </o:p>

    Roman d’une grande puissance.

    <o:p> </o:p>

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, le 24 mars 2009 

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>


    votre commentaire
  • Titre : La Pornographie<o:p></o:p>

    Auteur : Witold Gombrowicz<o:p></o:p>

    Traduit du polonais par Georges Lisowski<o:p></o:p>

    Poche: 226 pages <o:p></o:p>

    Editeur : Gallimard (1995) <o:p></o:p>

    Collection : Folio <o:p></o:p>

    ISBN-10: 2070393895 <o:p></o:p>

    ISBN-13: 978-2070393893 <o:p></o:p>

    190 pages

    <o:p> 


    </o:p>

    <o:p> </o:p>

    Roman d’une grande densité, La Pornographie est la mise en scène indécente, d’où son titre, d’un sombre meurtre que le narrateur et son âme damnée, un certain Frédéric, amènent deux adolescents, Karol et Hénia, à commettre, par une manipulation cyniquement organisée, sur la personne du fiancé d’Hénia.

    <o:p> </o:p>

    Frédéric est le diable, l’ordonnateur, le « Madame de Merteuil » du roman.

    <o:p> </o:p>

    Sa relation avec le narrateur, son ami, son double, son assistant, est équivoque, et questionne.

    Ils sont les invités d’un châtelain campagnard, dans la Pologne occupée par l’armée allemande.

    <o:p> </o:p>

    Hénia, la fille du gentilhomme, et Karol, le fils d’un intendant du domaine ont seize ans, vivent tous deux dans la gentilhommière, se connaissent depuis l’enfance, et ne semblent pas se livrer ensemble aux actes auxquels le narrateur et son ami trouveraient naturel qu’ils s’adonnent à toute occasion.

    <o:p> </o:p>

    Frédéric et son double se donnent pour noble mission de convaincre le fiancé que Karol et Hénia sont amants, et de persuader ces derniers qu’ils doivent (au sens fort, d’obligation) se désirer et céder à ce désir.

    <o:p> </o:p>

    Histoire trouble et personnages troubles dans un contexte trouble, où tout est fondé sur ce que Frédéric veut faire voir.

    Parce que le spectacle est parfois factice, parce que le lecteur sait que lorsque le fiancé, conduit par la main par le narrateur derrière un buisson, croit voir Hénia et Karol se comporter comme un couple, ce n’est que « du cinéma » mis en scène par Frédéric, le sens de ce qu’est fondamentalement la pornographie est magistralement illustré par ce roman aux ténébreuses splendeurs.

    <o:p> </o:p>

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, le 24 mars 2009 


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires