• Titre : Nouvelles

    Auteur : Tahar Ben Jelloun

    Edition : Le Grand Livre du Mois (Paris août 1997)

    Collection : Les trésors de la littérature

    ISBN : 2-7028-0624-4

    116 pages

    Ces quatre nouvelles de Tahar Ben Jelloun qui se lisent en une soirée constituent d’excellents prétextes à méditer sur des thèmes à la fois actuels, éternels et universels.

    Dans la première, Le temps s’est arrêté au Caire, le narrateur, marocain, de passage au Caire, visite, au motif d’y rencontrer Khaïri Chalabi, l’auteur égyptien de La Panse de la Vache, qui a choisi d’y vivre, l’étonnante Cité des Morts, cet ensemble labyrinthique de cimetières où se sont installés, à demeure, dans et entre les caveaux, plus d’un million de Cairotes misérables à qui la promiscuité avec la mort donne une sérénité et une dignité sobrement et simplement exprimées dans les réponses qu’ils font aux questions du voyageur.

    Ce court séjour au Caire se poursuit à Khan El Khalil et, par contamination, fige dans le temps des figures de rencontre aussi connues que Georges Moustaki et Naguib Mahfouz, sur une toile de fond où sont évoqués les grands problèmes politiques et sociaux du pays qui, bien que cruciaux, prennent, après la visite à la Cité des Morts, cet aspect presque dérisoire des événements actuels confrontés à l’éternité.

    Les trois autres textes traitent de questions plus récurrentes dans l’œuvre de Tahar Ben Jelloun.

    Le premier décrit en contraste l’hospitalité marocaine traditionnelle, fraternelle et sans borne, et la réserve et la gêne qui marquent la manière européenne d’accueillir l’hôte (L’invitation).

    Le suivant rappelle le sort, souvent tragique, des migrants marocains qui s’aventurent, poussés par le désespoir, entassés dans des barques de fortune, chaque nuit, vers l’Espagne qui ne veut pas d’eux (Le clandestin).

    Le dernier met en scène, avec pudeur et humour, un émigré marocain, laveur de carreaux à Paris, qui, bien que résidant légalement en France, sent peser continuellement, sur fond de première guerre du Golfe, sur son humble et honnête personne, le regard immanquablement soupçonneux de l’administration, de ses collègues de travail, et des forces de l’ordre qui effectuent des contrôles d’identité au faciès (Le suspect).

    Un livre à faire lire.

    Patryck Froissart, El Menzel, le 11 août 2007


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