• La Nef des Fous

    Titre : La Nef des Fous

    Auteur : Gregory Norminton

    Editeur : Grasset (2002)

    Traduit de l’anglais par André Zavriew

    Titre original : The Ship of Fools<o:p></o:p>

    ISBN: 2253115134<o:p></o:p>

    348 pages<o:p></o:p>

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    Renouant avec la tradition des Heptamérons et autres Décamérons, l’auteur enferme une dizaine de personnages dans un lieu clos, ici une nef qui tourne sur place, qui n’a pas de sens, et leur donne à tour de rôle un statut de conteur.

    La particularité de ces personnages narrateurs est qu’ils sont tous parfaitement fous, ce qui donne des récits délirants où toutes les exagérations et toutes les inventions, tant au niveau narratif et lexical qu’à celui de l’action, sont permises.

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    Les récits sont de longueur inégale et d’intérêt variable.

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    L’un d’eux, le conte de la Buveuse, qui traite Des Exploits & des Talents incomparables de Belcula, Laitière (avec ce qui concerne son compagnon, Dutchcap l’émasculé) est particulièrement réussi, savoureux, truculent, dans le genre rabelaisien. On pourrait faire de Belcula la digne fille de Gargantua, une Grandgousier très spéciale qui galope par monts et par vaux en s’illustrant par de hauts faits et prodigieux exploits d’ordre copulatif.

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    En contrepartie, le Conte de l’Ivrogne repentant, long, poussant trop loin le bouchon de l’élucubration, endort à la fois les auditeurs intradiégétiques et le lecteur, souvent tenté de sauter quelques pages. L’auteur le reconnaît, qui le fait commenter négativement, et par une amusante figure d’auto-dérision, par le narrateur même : « Tu ne crois pas que je me suis embrouillé dans mes métaphores ? (…) Peut-être que ça manquait de détails visuels ? (…) Oh ! Mon Dieu ! Ils ont tout simplement détesté mon histoire ! »

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    Hormis cette exception, l’ensemble se lit gaiement, allégrement. On en sort rafraîchi, rassuré sur le potentiel de l’homme moderne à faire errer sa plume dans les contrées infinies d’une imagination qu’on aurait tendance, en observant les comportements quotidiens et panurgiens de nos concitoyens, à croire en voie de tarissement.

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    L’auteur cite en prologue un extrait de Pantagruel. C’est tout dire…

    Le titre et les caractères des personnages sont inspirés de La Nef des Fous de Jérome Bosch : c’est tout un programme !

    Bosch lui-même a puisé le motif de son œuvre dans La Nef des Fous, satire médiévale féroce de Sebastian Brant parue en 1494, où on voit, dans le premier poème, les fous du pays de Cocagne prendre place sur un navire en partance pour le royaume de la Folie, Narragonien. C’est dire que nous sommes ici dans le droit fil d’une sacrée tradition artistico-philosophique !

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    Patryck Froissart, St Benoît, jeudi 29 mars 2007


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