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La mort du roi Tsongor
La mort du roi Tsongor<o:p></o:p>
Auteur : Laurent Gaudé
Editions Actes Sud, 2002
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Vous avez aimé Salambô de Flaubert ? Vous avez été sensible à la poésie qui traverse le Désert de Le Clézio ? Vous vous souvenez du plaisir étrange que vous avez éprouvé en lisant Lexil et le Royaume de Camus, ou Laleph de Borges ?
Si cest le cas, lisez vite ce roman.
Vous y retrouverez un peu de tout ce qui précède, sur fond dune guerre de Troie dont lHélène sappelle Samilia, où Troie devient Massaba, où les armées en présence finissent par ne plus vraiment savoir pour quoi ni pour qui elles se battent, mais le font jusquà la mort du dernier combattant, sous les yeux de Samilia, impuissante car ne pouvant choisir, qui a rejoint le camp de Sango Kerim et qui, la nuit, sous sa tente, se donne à Kouame, le chef de larmée ennemie :
« Je nai pas pu choisir, pensa-t-elle. Ou je me suis trompée. Jai choisi le passé et lobéissance. Jai fait taire le désir que javais en moi. Et jai rejoint Sango Kerim, par fidélité. Mais la vie exigeait Kouame. Non. Ce nest pas cela. Si javais choisi Kouame, le serais en train de pleurer sur Sango Kerim. Ce nest pas cela. Il ny a pas de choix possible. Jappartiens à deux hommes. Oui. Je suis aux deux. Cest mon châtiment. Il ny a pas de bonheur pour moi. Je suis aux deux. Dand la fièvre et le déchirement. Cest cela. Je ne suis rien que cela. Une femme de guerre. Malgré moi. Qui ne fait naître que la haine et le combat. » <o:p></o:p>
Tout commence quand le vieux roi Tsongor, après avoir passé sa vie à se forger un immense empire de bataille en bataille, de siège en siège, de massacre en massacre, enfin retiré, repu de sang et souhaitant finir sa vie paisiblement dans sa capitale, Massaba, accepte de se faire donner la mort par son fidèle compagnon, Katabolonga, à qui, lors dun des derniers combats de sa longue entreprise de guerrier, il avait donné le droit de lui prendre la vie au moment même où ce dernier le voudrait.
Pourquoi se résigne-t-il à mourir ce jour-là ? Parce quil est incapable de choisir entre les deux prétendants à la main de Samilia.
Il meurt donc, sachant que la guerre commencera le lendemain, après avoir demandé à son plus jeune fils, Souba, de parcourir le royaume à la recherche des sept lieux les plus propices à la construction des sept tombeaux dont lensemble devra refléter ce que fut le grand roi Tsongor.
Epopée, long poème ésotérique, récit initiatique, tout cela se mêle ici dans une belle langue, traversée de réminiscences des mythes mélangés, à peine travestis, de diverses civilisations et des thèmes éternels de la tragédie.
Quel plaisir esthétique !
Patryck Froissart, le 14 janvier 2006 <o:p></o:p>
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