• Eve de ses décombres

    Eve de ses décombres<o:p></o:p>

    Auteur: Ananda Devi<o:p></o:p>

    NRF-Gallimard<o:p></o:p>

    Dans ce roman à quatre voix, quatre jeunes, Clélio, Eve, Sad, Savita, de l'écart de Troumaron, un quartier « défavorisé » pas aussi imaginaire qu’on pourrait le penser, racontent in vivo leur quartier, une "banlieue", une "zone" de Port-Louis, très loin et tout près des plages de sable fin, des lagons et des plus beaux hôtels du monde. C'est fort, c'est cru, c'est vif, à vif, et ça sonne, hélas, très vrai, pour qui connaît toutes les facettes de ces îles des Mascareignes, paradis sur cartes postales et dans les hôtels des plus luxueux au monde, fermés hermétiquement sur les réalités du pays.<o:p></o:p>

    A la lecture poignante de ce livre, écrit par une immigrée (Ananda Devi est née à Maurice et vit en France), on ne peut s'empêcher de faire un parallèle saisissant entre ces adolescents d'un quartier de transit de Maurice et ceux qui, lors des événements récents qui ont allumé les banlieues françaises, ont exprimé à leur façon tout ce qu'ils ressentent d'injustice à comparer leur situation avec celle de certains de leurs compatriotes, dont les automobiles rutilantes n’ont pas, elles, été incendiées, bien à l’abri dans leurs garages.<o:p></o:p>

    L’amitié, l’amour, la poésie sont présents, mais n’empêchent pas la violence aveugle de frapper, de violer, de tuer.
    Les quatre jeunes personnages sont émouvants, et dégagent une aura de pureté au milieu des hideurs des lieux. Les adultes, et en particulier ceux qui représentent l'autorité, et ceux qui ont le devoir d'éduquer, sont sales, comme l'est le professeur qui viole Eve, tous les soirs après les cours, sur les paillasses de la salle de sciences, et dispose d'elle comme d'une souris de laboratoire à disséquer, avec une froide cruauté mêlée, de façon trouble, à un sentiment de culpabilité qui ne fait qu'exacerber son désir d'humilier, d'abîmer, et de détruire... 
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    A lire en urgence, pour se modifier le regard à porter sur une jeunesse de plus en plus démoralisée (au sens étymologique, soit de plus en plus amoralisée) par l'exclusion sociale et la ghettoïsation.<o:p></o:p>

    Patryck Froissart, le 3 janvier 2006


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