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    Titre: Last exit to Brooklyn

    Auteur: Hubert Selby Jr

    Traduit de l'américain par J. Colza

    Editeur: Albin Michel 1970

    ISBN: 2226025286

    306 pages

     

    Relire Last Exit to Brooklyn quarante ans après une première lecture, ou découvrir ce texte aujourd'hui doit procurer les mêmes sensations. Les situations et les personnages semblent tout aussi actuels.

     

    L'écriture de Last Exit to Brooklyn relève de la logorrhée, de la diarrhée, du vomissement.

     

    Qui parle? Le narrateur se fond dans le récit, se confond avec ses protagonistes. Il partage, il vit, il ressent leurs émotions, leur violence, leur tendance caractérisée à l'autodestruction, et les exprime comme le ferait chacun d'eux, par exemple, pour les plus inoubliables:

     

    • Georgette « la tapette », comme dit Vinnie, le petit voyou désoeuvré qui se joue d'elle-lui

    • Tralala, qui a les plus beaux seins de Brooklyn, qui se rend compte un jour que ces attributs sont monnayables, et qui s'enfonce dans la prostitution jusqu'à finir par se donner pour une bière

    • Harry l'ouvrier syndicaliste, propulsé responsable de l'organisation des piquets de veille devant son usine en grève, qui découvre, en faisant la connaissance d'Alberta, son homosexualité depuis toujours refoulée et qui, privé de partenaires une fois que, la grève terminée, il ne peut plus puiser dans la caisse syndicale pour leur payer leurs soirées, perd tout contrôle et abuse d'un enfant

    L'avenir n'existe pas.

    La pitié, la compassion sont inconnues.

    Seule compte la satisfaction, sordide et morbide, du désir personnel.

    Les autres n'existent que par ce qu'ils sont susceptibles de donner (leur argent, leur drogue, leur bière, leur gin, leur corps, leur aide pour cogner), ou par ce qui peut leur être pris (par le viol, le passage à tabac en bande, la concussion).

     

    Les mots sont durs. La société décrite, bien qu'urbaine, obéit à la loi fondamentale de la vie sauvage, l'assouvissement de ses instincts, sans égard pour les êtres qui y font obstacle ou qui en sont l'objet.

     

    Le livre de Selby, publié en 1964, a été l'un des évènements de l'époque de la grande contestation underground. Censuré en Grande-Bretagne, accueilli par l'éloge ou l'injure, il reste l'une des visions les plus cruellement lucides de la nature humaine.

     

    Patryck Froissart

    Plateau Caillou, le 12 avril 2009

     

     

     


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