• Chroniques De Jehan Froissart


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    Description de l'offre d'occasion

    [2178-972] relié - 21x28,5 - 201 pp -31 mars 1972 - éditions Michèle TRINCKVEL. Enluminures de A. DUSSARTHOU. Postface de Jeanne GAUTROT LACOURT. Il a été tiré 1250 exemplaires sur chiffon de Malmenayde comportant une suite des illustrations en couleurs, numérotés de 251 à 1500. exemplaire n° 178. Le texte est emprunté à l'adaptation de Madame DE WITTE née GUIZOT, remise en ordre par Madame Jeanne GAUTROT LACOURT. Le caractère employé, le Poliphile de corps 16, est la reconstitution exacte d'un romain vénitien du XVe siècle. Fondu par GERBAUD, le texte a été mis en pages à l'imprimerie DARAGNES (Paul MEUNIER étant directeur) par Jean Pierre MOREAU. Alfred PERROT, prote, a organisé le montage et l'impression, celle-ci faite en collaboration avec Raymond CRES, imprimeur à BONNETABLE. Les planches sont dues à la collaboration de trois ateliers : Roger DUBOURG, pour les fonds de soutien, Antoinette et Gabrielle VIVANT pour le coloris à la main, TRAPINEX pour les rehauts d'or. La reliure est inspirée d'oeuvres du XIV ème siècle, et a été dessinée par Jean GALLO, l'exécution étant dû à EBRARD et fils à Paris. La maquette a été conçue par Henri JONQUIERES.

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    Patryck Froissart, le chercheur d'âmes <o:p></o:p>

    Yavin Coopan pour Le Matinal (édition du 17 mai 2006)<o:p></o:p>

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    Port-Louis<o:p></o:p>

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    On ne peut tout imaginer, soit. Car l'esprit ne peut saisir l'infini de la vie. <o:p></o:p>

    Mais le cœur, lui, le peut. <o:p></o:p>

    Et c'est ce que l'on ressent dans la puissante, voire épique description faite par l'auteur de la métempsychose. L'âme qui voyage, à la recherche de sa moitié, de l'autre "moitié de la pomme", dans cette époque, ou à une autre, à travers les dimensions incommensurables. Avant, après, pendant le retour à la chair, aux émotions, aux sensations, décrites avec l'esprit et la main qui tient ce stylo. La tentative de décrire l'indescriptible avec un choix de mots pesés au nanogramme. Le chapitre qui se termine sur une unité de temps et un autre qui lui succède trois ans plus tard ! Mais que s'est-il passé entre-temps ? Un auteur qui procède ainsi fait un choix. L'ellipse, c'est justement ce non-dit, ce flou "opaque" qui n'appartient à rien ou à personne.
    Pas hermétique, mais éthéré, ce "proème", comme le décrit l'auteur lui-même, a comme fil conducteur l'éternel retour. Car en mots, cela implique la réincarnation, cette quête qui s'inspire de la religion, des mythologies indienne, gréco-romaine, égyptienne et des croyances du Moyen Age. Et puis, et puis... la poésie.
    En prose ou en vers, c'est le même sort qui est réservé au lecteur. Mais on ne s'en plaint pas. Le réveil, le coucher, un départ ou un retour : une rupture implique des retrouvailles, la relativité de toute chose. Déroutant, on perd pied, sombrant dans le gouffre de l'éternité et puis, la plénitude. A travers la poésie, vivre la vie, des vies, "seul le poète peut se permettre de sortir ainsi et de franchir toutes les frontières et d'avoir plusieurs existences parallèles".
    Eloges
    Depuis cinq ans, Patryck Froissart est le directeur de l'Ecole du Centre, à Moka. Durant son passage à l'île de La Réunion, où il a enseigné à partir de 1977, il a fait des incursions dans l'écriture d'ouvrages d'anthologie, de recueils de poésie. En 1972, il reçoit le "Prix des Poètes au Service de la Paix".
    Ce n'est qu'à son arrivée à Maurice qu'il décide de publier son premier livre : "L'éloge de l'Apocalypse" sous sa véritable identité. Le terme "proème", il croyait l'avoir inventé pour la définition de son dernier ouvrage qui mêle deux genres. "Certains professeurs de l'établissement sont venus me voir pour me dire que ce terme existe déjà et qu'on le retrouve dans de vieilles encyclopédies françaises. C'est un mot d'origine grecque qui signifie commencement", précise l'auteur. Un terme qui convient parfaitement au début d'une série d'éloges, tel que le prévoit Patryck Froissart. Le prochain pourrait même être un "Eloge à la Sensualité", un sujet plus chaud, nous confie-t-il.
    Le livre sera officiellement lancé le vendredi 19 mai à l'Alliance française, Bell Village. L'ouvrage de 200 pages est déjà dans les bacs et coûte Rs 375.

    Pour une commande en ligne, s'adresser à la Librairie Le Cygne

     



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    "Proésie"

    Patryck Froissart nous livre sa geste

     

     

    Entre les XIe au XIIIe siècle, la chanson de geste désignait un poème épique chantant les exploits de héros historiques ou légendaires. Un genre que semble vouloir remettre au goût du jour Patryck Froissart, à travers son recueil lancé la semaine dernière, L'éloge de l'opaque ellipse.

    L'auteur, manifestement, ne refuse pas les titres énigmatiques, ce recueil venant après L'éloge de l'apocalypse, paru il y a deux ans. Les jeux de mots, dans une langue des plus recherchée, abondent d'ailleurs tout au long de ce "proème", alternance méthodique de textes en prose et en vers (souvent des alexandrins). Et c'est bien le sentiment de se retrouver au cœur d'un cycle de poèmes épiques qui frappe d'emblée ici. Tradition que l'auteur revisite toutefois ici avec une maîtrise et une originalité indéniables.

    La geste de Patryck Froissart a en effet pour particularité de s'attacher aux "exploits" pas seulement de héros mais aussi d'héroïnes. Car il est ici question d'exploits amoureux. Il y chante, tout au long, un amour qui ne se contente pas d'être courtois, mais qui se délecte aussi volontiers d'une sensualité, voire d'un érotisme très prégnant. Parcourant, "les sens pâmés", un univers où l'on se désaltère "à longues goulées de volupté". De plus, dans une ellipse qui semble davantage faire référence à la figure géométrique de la courbe plane qu'au fait de syntaxe ou de style qui consiste à omettre des éléments ou proposer un raccourci, l'auteur nous entraîne dans une longue, lente et riche pérégrination qui couvre aussi bien les divers cycles de l'amour que les siècles.

    Les débuts sont ainsi prometteurs. "Je la souhaitai, elle se promit, nous nous destinâmes. Splendide conjugaison." La tentation, voire la trahison, ne sont jamais bien loin, alors que "sous nos sarouals s'impatientait l'étincelle intemporelle d'une identique et indomptable aspiration à l'illégal rallumement des braseros adultères". Et désamour et séparation finissent souvent par être au rendez-vous, malgré les efforts dérisoires pour retenir l'autre. "Pourquoi ne sait-on pas qu'il est vain de bâtir/Quand il n'existe pas de muraille qui tienne/Si l'amie veut guérie de nous se départir ?"

    D'amour en amour, l'auteur nous promène à travers les âges, du quinzième siècle après l'hégire, chez les femmes flâneuses au hammam "où leur peau s'huile", près des souples Nubiennes chantonnant des mélopées berbères, jusqu'à Martine et Martin qui se marient et vivent dans un trois-pièces, en face de la supérette, "dans une banlieue correctement polluée". En passant par une histoire de Paul et Virginie singulièrement et subversivement revisitée…

    La langue vit et vibre en conséquence, allant d'une expression proche de l'ancien français (qui peut parfois présenter un certain hermétisme au lecteur contemporain) à l'utilisation de constructions et d'expressions tout droit venues de cette île de la Réunion où l'auteur a longtemps vécu avant de venir passer à Maurice ces dernières années (voir poème plus loin). Avec dans l'entre-deux des références omniprésentes mais subtiles à une multitude d'auteurs comme Lautréamont ou Hugo, pour ne citer que ceux-là.

    "Fassent ma plume et mon précieux démon que les départs n'aient pas de fin !", conclut l'auteur. L'ellipse, savamment dessinée, laisse une trace qui résistera certainement à l'oubli…

    Quand me raleras-tu, tramé dans ton tramail ?

    Quand me souqueras-tu, tantine, en ton boucan ?

    De tes piments martins, m'acoquineras-tu ?

    Quand me colleras-tu, zézère, en ton miel vert ?

    Filerons-nous marrons ensemble en les vavangues ?

    Quand lianerons-nous aux îlets inviolés ?

    Dans ta vouve, ô gatée, me prendras-tu bichique ?

    M'offriras-tu ton nid, frivole salangane ?

    Quand nous becquerons-nous, tout accostés, cafrine ?

    Vous pouvez moucater

    Mon causement gros doigt

    Votre foutant, mounoir,

    N'est que de bouche sale

    A la barre du jour

    J'irai vanguer encore

    Au retour de la poique

    On m'ouïra souplaindre


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  • L’Eloge de l’Opaque Ellipse<o:p></o:p>

      de Patryck Froissart<o:p></o:p>

             <o:p></o:p>

    par Issa Asgarally

     <o:p></o:p>

    Vendredi 19 mai 2006 : Alliance Française<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Je voudrais d’abord remercier Patryck Froissart de me faire l’honneur de m’inviter à dire quelques mots lors du lancement de son deuxième livre publié à Maurice, L’Eloge de l’Opaque Ellipse. Je me souviens du titre de son premier livre L’Eloge de l’Apocalypse, et je me suis demandé si l’Apocalypse serait une Opaque Ellipse ou si l’Opaque Ellipse serait une apocalypse ! <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Quoi qu’il en soit, la juxtaposition des termes « opaque » et « ellipse » ne doit pas intimider les lecteurs, car la réalité est complexe, opaque et l’ellipse est si présente dans la vie et dans les oeuvres que le non-dit, l’espace entre les mots – comme le disait souvent Jean Fanchette, psychanalyste et poète -- est parfois plus important que le dit. On sait que c’est vrai au théâtre. C’est aussi vrai en poésie.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Continuité et ruptures : L’alternance de poèmes et de prose, d’où peut-être le sous-titre Proème, a, semble-t-il, dérouté certains lecteurs. Ce n’est pas le fruit d’un pur hasard. Elle repose sur une construction minutieuse qui est faite de continuité et de ruptures. Continuité, car des mots-clés semblent assurer le lien d’un texte à l’autre, poème ou prose. Ainsi dans les deux premiers poèmes -- différents dans leurs structures – de L’Eloge de l’Opaque Ellipse, et le premier morceau en prose, des mots comme « plage » assurent l’unité des textes.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Décembre agonissait mes vannes de bassan<o:p></o:p>

    Son delta palpitait, vers l’aine de la plage, <o:p></o:p>

    Orient pour ma remonte au primal Hermitage…<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Je sais en ton écume<o:p></o:p>

    Alors que je m’envase<o:p></o:p>

    Au nombril de la plage<o:p></o:p>

    Le clin louche et malin<o:p></o:p>

    De ton vert cristallin.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Sur la plage fondamentale, un vingt-cinq décembre, adolescent circonstanciel, enjambant les gisants, je brassais l’empyrée, riant d’avoir perdu, dans un âge antérieur, un combat titanesque…<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Mais L’Eloge de l’Opaque Ellipse présente également des ruptures. Sa disposition en puzzle est en affinité avec le mode de lecture qui est le nôtre aujourd’hui, consistant à passer d’un type de texte à un autre, et donc à mener deux ou trois lectures à la fois. Dans le livre – il faudrait peut-être citer les « poèmes-journaux » d’Apollinaire qui datent du début du XXe siècle -- il y a quelque chose, dans ses discontinuités, qui s’est certainement autorisé de l’existence et de la nature du journal au long de quelques générations. Parce que l’on sait que le contemporain est habitué à ces sautes, ces ruptures, ces discontinuités, le poème capte ces éléments divers, hétérogènes comme l’a fait justement Apollinaire.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L’intertextualité : Je voudrais poursuivre ces réflexions en vous racontant une anecdote. Le peintre Georges Braque est interrogé un jour par une visiteuse à son atelier :<o:p></o:p>

    « D’ou vient  ce bleu de la toile exposée ? »<o:p></o:p>

    Braque répond non par le bleu du ciel ou le bleu des yeux bleus, mais en entraînant la visiteuse dans un angle où repose une autre toile, ancienne, où se montre le bleu en question.<o:p></o:p>

    Réponse par l’intertextualité, donc, par la citation. Dans ce cas, on pourrait dire par l’auto-citation. S’il déçoit la questionneuse, c’est pour lui rappeler l’une des sources : l’œuvre vient de l’œuvre, et le livre vient des livres. Ne pas parler de l’autre source, ce n’est pas la tarir. Appelons-là l’émotion, et nous pouvons nous tourner aussi vers elle.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    L’expérience commence avec l’émotion. Le bavardage ordinaire aime à parler de choc, de réaction, et autre coup. « Ca m’a fait un choc ! ». Autre incipit qui précéderait l’incipit langagier.<o:p></o:p>

    Mimésis du réel ou imitation d’un auteur. Qui a commencé, de la poule ou de l’œuf ? Question du cercle. Réponse : les deux.<o:p></o:p>

    Or la même « chose », croit-on, qui « dans la vie » ne fait pas pleurer, parce que le temps de l’événement n’est pas celui des larmes, voici qu’elle « étreint », qu’elle émeut, pourvu qu’elle se donne en spectacle. Tant que Margot aide sa vieille mère malade, ses yeux restent secs, mais qu’elle voie représentée « au théâtre ce soir » la scène même  qu’elle « vivait » dans l’après-midi -- mais ce n’était pas en scène -- la voici qui pleure au mélodrame. La compassion requiert de la considération, de la mise en tableau. Le reste diurne devient : affection et verbe. Rêve. Et le rêve parlant unifie les deux sources.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Ces réflexions, d’une part sur l’intertextualité, le fait que l’œuvre vient de l’œuvre et que les livres viennent des livres, d’autre part sur la création de l’émotion par la représentation me sont donc venues – ou revenues- à la lecture de certains textes de Patryck Froissart.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Comme celui  qui se trouve aux pages 38-39, l’auteur, à partir d’une lecture /relecture d’un livre Paul et Virginie , lui-même « représentation » du spectacle « de la vie », réécrit le roman. Il le dit :<o:p></o:p>

    Il faut bien un jour rétablir la réalité de cette autre partie de mon roman.<o:p></o:p>

    Je délivre ici l’authenticité de mon personnage littéraire spolié.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    De quoi s’agit-il ? Si Virginie est Virginie, Paul n’est pas Paul, mais Domingue. Et Froissart-Domingue est le Vieillard, seul « admis dans le secret » :<o:p></o:p>

    Il n’arrivait point ici qu’il ne les découvrît tout nus, se tenant ensemble par les mains et sous les bras, comme  on représente la constellation des gémeaux. Alors, le dos au tronc, il les contemplait, attendri. <o:p></o:p>

    Le grand jars blanc faisant le guet, le cygne marron peu à peu déniaisait l’oie. <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Un beau jour, vient « un obscur capitaine ingénieur du Roi », M. de Saint-Pierre, cherchant « un havre sûr à ses jonctions réprouvables et inédites avec Madame P. » Et Domingue et Virginie indiquent au couple circonspect le leur, surveillé par Paul.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Dans le texte à la page 116, l’auteur conclut un de ses propres poèmes par une citation, en vers, d’un poème d’Amin Maalouf dans son roman, Samarcande :<o:p></o:p>

    Auprès de ta bien-aimée, Khayyam, comme tu étais seul !<o:p></o:p>

    Maintenant qu’elle est partie, tu pourras te réfugier en elle.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Mais c’est dans le texte aux pages 76-77 que les liens intertextuels se manifestent le plus clairement :<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    La statistique ( oh ! le mot vil) instruit que l’homme qui espère existe plus volontiers, et de manière plus dynamique, et par cet effet plus longtemps, que l’homme qui a ( lisez l’essai du sage Harold Kaprovski, Avoir sans être, être sans avoir).<o:p></o:p>

    Certes déçoit Candide qui racine entouré de navets dans son jardin.<o:p></o:p>

    En quelle vacuité du devenir, en la fadeur de quel boueux hameau, bougre, aurait, inconnu, scié Julien si ne lui eût été donné le privilège de prétendre à l’inaccessible ?<o:p></o:p>

    Oh !L’ample déploiement de l’être en le cœur de Werther écrivant de Charlotte !<o:p></o:p>

    Loué soit le prodige par lequel Abélard d’Héloïse imprudemment s’éprit !<o:p></o:p>

    Devant mes autels auroraux à Cassandre je fais riche oblation de roses.<o:p></o:p>

    Je brandirais la pieuse banderole à Rome afin qu’on canonise Sherazade.<o:p></o:p>

    Je monte à son pinacle à chaque aller au lit baiser vénératif la princesse de Clèves. <o:p></o:p>

    Dans mes forêts de songes francs, vierge ou ribaude en la variante, Atala règne.<o:p></o:p>

    J’idolâtre l’illustre inspiratrice, Ellénore, Manon, Marguerite, Julie.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Autre exemple : à la page 84, où il est question de Robinson Crusoë et de la personne réelle qui a inspiré Daniel Defoe :<o:p></o:p>

    Ainsi fut sauvé Crusoé<o:p></o:p>

    La mer revient  au sable après l’avoir quitté :<o:p></o:p>

    Décembre qui pavoise où l’astre se pavane,<o:p></o:p>

    Et ce chagrin qui bruine en l’air gris des Palmistes…<o:p></o:p>

    Patient dormit Selkirk attendant les trois mâts<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Paul et Virginie, Robinson Crusoé, Samarcande, Candide, Les Contes des Mille et Une Nuits : l’intertextualité irrigue L’Eloge de l’Apocalypse.<o:p></o:p>

    Les livres sont ainsi psychodégradables ! Solubles dans le souvenir ou la rêverie, ils se reproduisent et donnent lieu à d’autres livres…Et il y a culture là où il y a travail actif de l’esprit sur l’objet qui l’a requis – travail actif, c’est-à-dire digestion, assimilation, incorporation finale…<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    « Lieux heureux » : Cette promenade d’un livre à l’autre, d’un « personnage de papier » à l’autre, voilà qu’elle gagne, aux pages 58-59, également les lieux « réels »que l’auteur semble avoir fréquentés:<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il est des lieux heureux aux funestes rencontres, fastes aux croisements douloureux et fortuits qui amorcent les rêveries et qui fondent les romans, propices à l’enlacement des flammes dévastatrices des regards, sombrement chargés d’histoires passionnantes.<o:p></o:p>

    Musarder dans les Pamplemousses, attendre aux bancs ombrés du Jardin de la Compagnie, se baguenauder dans les souks à chichas de Khan Khalili, déambuler au flot des trottoirs vespéraux du boulevards Mohamed V, espérer sur un siège indifférent dans la halle à Gillot où tant de vies s’égarent, être voyeur sur le sable piétiné des Brisants, émouvoir la quamdam de la terrasse d’un café bondé de Bab Boujloud, forcer les paupières pudiquement baissées aux salons de l’Ibn Batouta entre Tanger et Malaga circonstancient l’événement déclencheur. La suite dépend du penchant à songer.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Par la magie des mots, l’auteur est partout à la fois, les lieux se côtoient, s’entrecroisent. Les frontières deviennent étanches. Le texte redessine une autre topographie, imaginaire, des lieux. Le Maroc voisine avec l’île de la Réunion. L’auteur se sent pousser des ailes :<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Foin de toute herbe folle :<o:p></o:p>

    Un brin de poésie<o:p></o:p>

    Suffit pour que je vole<o:p></o:p>

    Aux steppes de l’Asie.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Mais pourquoi l’auteur est-il si intensément satisfait par le simple fait d’être ailleurs ? Parce qu’on est amené à y être plus attentif. L’altérité renouvelle l’attention. Et on voit l’urgence de la poésie dans un monde où notre défaut, le défaut le plus partagé est le manque d’attention.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    « Méprise » : L’expérience poétique est un prendre-pour, prenant a pour b, non par erreur mais plutôt à la faveur d’une brève illusion, pour une transformation résolue, changeant l’erreur en ressort. Autrement dit : une méprise – ou un risque de méprise—est changée en prise par l’opération d’un poème. La vigilance poétique et la ferveur poétique favorisent le malentendu. Elles jouent avec l’erreur perceptive, ou « illusion des sens » -- prenant volontiers le nuage pour le troupeau --, mais pour changer la méprise en une vérité possible.<o:p></o:p>

    Des exemples de cette « méprise » abondent dans L’Eloge de l’Opaque Ellipse :<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Et le roulis des rues me porte en son lit, sûr. (p. 46)<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Des lacs de ses cheveux qu’elle me pende aux poutres<o:p></o:p>

    Qu’au lac de sa prunelle elle engouffre mon boutre… (p.96)<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il faudrait souligner la part de la sensualité dans L’Eloge de l’Opaque Ellipse :<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Quand dans Son lit d’ylang je me dégangue et vangue,<o:p></o:p>

    Sombrent le glas des nuits et leurs grimaces pâles<o:p></o:p>

    A mes vitres natives,<o:p></o:p>

    Hargneuses.<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Mais je terminerai sur une note personnelle. Je m’intéresse depuis quelque temps à deux des plus grandes aventures interculturelles de l’Humanité : en Chine, sous la dynastie des Tang ( 7e-10e siècle), la plus prestigieuse de l’histoire de la Chine, et en Andalousie (Espagne) du 7e au 15e siècle, la plus grande rencontre des hommes et des cultures du Moyen Age. Et je dois dire que j’ai été agréablement surpris de trouver des accents de cette deuxième aventure dans L’Eloge de l’Opaque Ellipse. Dans le texte à la page 24 – il s’agit d’un véritable récit en prose – où Ibn Rachid, s’en revenant de la grande mosquée omeyyade de Cordoue, heurte un passant et apprend à le connaître :<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Il me prit à son bras lorsqu’il rendait visite. Qu’il fût flanqué soudain d’un compagnon nazaréen ne surprenait point dans la médina transitaire où se côtoyaient les lecteurs des trois Livres, où se mêlaient sans heurts hauts dignitaires musulmans et dhimmis innombrables…<o:p></o:p>

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  • LIRE

     

    Dans les secrets de l'ellipse

     

     

    Lire le dernier recueil de Patryck Froissart, L'éloge de l'opaque ellipse, est un exercice exigeant, qui invite autant à se laisser voguer au gré et au chant des mots… qu'à amortir son dictionnaire de français. Et si le lecteur parfois s'agite à l'idée de n'avoir pas l'esprit assez alerte pour saisir la portée d'une référence à un moment, le plaisir d'y revenir n'en sera que plus grand avec de nouvelles dispositions.

    En soi, L'éloge de l'opaque ellipse dépasse le simple jeu de mots qui réfère au précédent recueil (L'éloge de l'Apocalypse). La première ellipse à la lecture de ces textes pourrait d'ailleurs être ce que chaque lecteur omet d'y voir la première fois. Aller et revenir à cette lecture - à l'instar de l'auteur qui va et vient entre la prose et la forme versifiée, entre la plus classique des ballades et le poème minimaliste - devient à la fois un jeu et une découverte continus aux aspects les plus divers, une sorte de corne d'abondance, dont chaque strophe, poème ou texte en prose serait un fruit.

    Comme l'a démontré Issa Asgarally lors du lancement à l'Alliance française, les références sont nombreuses, tant à Villon, qu'à un certain Jean Froissart, poète du XIVe siècle, à Samarcande, Robinson Crusoé, Paul et Virginie, à la littérature nord-africaine, voire asiatique. L'auteur avoue avoir appris récemment que le poète contemporain Francis Ponge avait lui aussi utilisé le terme "proème" dans Le Parti-pris des Choses. Il s'est pour sa part davantage référé à la poésie épique.

    Dans la forme syntaxique, les tournures de phrases et le caractère exalté des textes font penser à La Chanson de Roland, voire même à L'Illiade. Ceci est valable autant pour les textes en prose que ceux en vers, qui se succèdent du début à la fin.

    Ce "proème", qui est débarrassé de toute forme de rupture, telle que des titres ou parties, fonctionne certes à la manière du miroir binaire, grâce à cette alternance de vers et de prose, mais il se révèle, finalement comme un miroir kaléidoscopique où se renvoient et se reflètent, de multiples façons, tout ce qui peuple l'imaginaire d'un auteur.

    Patryck Froissart se donne tous les droits devant la page blanche, dit-il. Le droit d'écrire ou de décrire par exemple une sensualité bouillonnante qui ne lésine pas sur les métaphores et les variations formelles, pour dire tout ce que femme lui évoque. Cet imaginaire généreux témoigne aussi d'un art de l'observation qui sait être introspectif. L'auteur explore son ressenti autant que l'objet de ses préoccupations et les situations qui affleurent au détour du souvenir d'un moment. L'homme, tout animal et spirituel qu'il soit, semble exprimer ici des désirs, des nostalgies, des sensations de dégoûts ou de mépris parfois, et des jouissances merveilleuses le plus souvent.

    Ce livre propose, en fait, un voyage dans l'intimité autant que dans les pays que l'auteur a connus en habitant plus qu'en visiteur. La forme prosaïque laisse transparaître encore quelque fois le caractère exutoire, qui est très présent dans le premier recueil, cette révolte adolescente dont Patryck Froissart voulait se débarrasser. Cette errance dans le temps et l'espace explore cependant avec une constance et un bonheur minutieux, la nature, le monde végétal et animal que lui suggèrent les îles tropicales. Ses patries poétiques, là où se déchiffre l'ellipse du renaître.

    Dominique Bellier

     

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