• En ce temps-là dans le Boulonnais

    Le tournoi de Saint-Inglevert, célèbre dans toute l'Europe féodale

    mercredi 20.01.2010, 14:00

    Rien n'était plus à la mode que les tournois au Moyen Age. Rien n'était plus à la mode que les tournois au Moyen Age.

    Rien n'était plus à la mode au Moyen Age que les tournois. Ils étaient le rendez-vous de ce que la chevalerie avait de plus brillant.

    Véhicule de l'honneur, auréole de la gloire, ils servaient à entretenir l'esprit militaire. Les chevaliers français y acquirent une très grande réputation et leur célébrité était telle qu'on disait que "si le diable venait de l'Enfer pour proposer un défi, il se proposerait un Français pour le combattre".
    A l'époque où les Anglais étaient maîtres de Calais et du territoire appelé ensuite "le pays reconquis", le village de Saint-Inglevert appartenait à la France et formait la frontière des deux royaumes. Il y avait dans ce village « une plaine belle, ample, unie, verte et herbue », d'après Froissart. Et c'est sans doute cette double particularité qui fit donner à Saint-Inglevert la préférence pour les tournois. Ce sont les seuls d'ailleurs qui ont retenu l'attention des historiens contemporains. Celui qui laissa la plus grande impression se déroula en 1389 quand le roi de France, Charles VI, autorisa le maréchal de France Jean de Boucicault et deux chambellans à profiter de la trêve conclue à Leulinghen pour y tenir un tournoi. Il y mit pour condition qu'il serait précédé d'un cartel de défi.
    Boucicault fit confectionner aussitôt une bannière sur laquelle il fit peindre l'écu de ses armes avec pour devise "ce que vous voudrez", la fit porter en Angleterre, en Flandre, en Espagne, en Italie, en Allemagne et y fit publier « qu'accompagné de deux chevaliers, l'un messire Regnault de Roye, l'autre messire de Sempy, il tiendrait la place, l'espace de trente jours, depuis le 30 mars 1390 jusqu'au 20 avril suivant, entre Calais et Boulogne , au lieu-dit Saint-Inglevert, attendant tous venants, prêts à délivrer la joute à tous chevaliers et écuyers, qui les en requerraient, sans faillir un jour excepté les vendredis ». Cette publication fut affichée plus de trois mois avant le jour fixé pour le début du tournoi.
    Le jour venu, la plaine de Saint-Inglevert présentait un spectacle curieux : on y voyait dix-huit tentes fort belles parmi lesquelles on remarquait celles des juges du camp placées au milieu de la lice sur un tertre élevé, celui qui était destiné aux chevaliers étrangers et, surtout, les trois tentes qui appartenaient aux champions français. En avant des tentes de ces trois champions, on avait placé un grand orme qu'on avait transporté en ce lieu depuis Leulinghen où on l'avait déraciné. Trois branches de cet arbre fixaient particulièrement l'attention : sur chacune d'elles ont avait dressé dix lances, cinq de paix et cinq de guerre, et l'on avait suspendu les deux écus de chaque tenant. Au dessus, on avait suspendu les armoiries de la devise de chacun d'eux pour marque distinctive. Un cor était attaché à l'arbre ; le chevalier qui se présentait pour combattre devait sonner de ce cor. Et comme les joutes étaient de deux sortes, ou de guerre ou de paix, il faisait connaître son choix en frappant sur l'un des écus, celui de guerre ou celui de paix. Dans la joute de guerre, on pouvait tuer son adversaire, dans la joute de paix, l'adresse à rompre une lance donnait la victoire.
    La publicité donnée à ce tournoi, la réputation des guerriers qui devaient le tenir, avait attiré une foule immense composée de chevaliers, d'écuyers, héraults d'armes, ménestriers, trompettes, personnes de tous sexes et de toutes conditions.

    La gloire pour les chevaliers français
    Le roi de France, vêtu d'un déguisement pour n'être point reconnu, se trouvait parmi les spectateurs ; il était accompagné du sire de Garancières. On remarquait beaucoup de chevaliers étrangers, mais les plus nombreux, et de loin, étaient les Anglais, dont le plus illustre n'était autre que Jean de Hollande, le propre frère de Richard, roi d'angleterre. Il fut le premier qui sonna le cor et toucha l'écu de guerre de Boucicault. Celui-ci parut aussitôt à cheval. Les deux combattants s'avancèrent dans la lice. Ils portaient un armement lourd :le haubert ou cotte de mailles, le heaume, casque de métal et l'écu, grand bouclier de bois renforcé de plaques de fer, à quoi s'ajoutaient la lance et l'épée. Au son des trompettes, ils baissèrent leurs heaumes, empoignèrent solidement la lance et foncèrent l'un vers l'autre. Au premier choc Boucicault perça le bouclier de Jean de Hollande, qui ne fut pourtant pas blessé.
    Au deuxième coup de lance, les deux chevaliers se touchèrent mais sans se faire de mal et au troisième, ne pouvant maîtriser leurs montures, il leur fut impossible de se rapprocher.
    Jean de Hollande voulut ensuite jouter contre le sire de Sempy et dans ce but, frappa son écu de guerre. A la première course qu'il fournit contre lui, il perdit son casque et sa lance ; la deuxième course fut sans résultat et à la troisième, les cavaliers se portèrent des coups si violents qu'ils chancelèrent en même temps que leurs chevaux et qu'on vit leurs casques étinceler. Celui de Sempy tomba à terre. Jean de Hollande demanda une autre joute pour l'amour de sa dame, mais les juges du camp s'y opposèrent parce qu'il en avait déjà fourni six. Il se retira alors dans sa tente et Sempy dans la sienne, tous deux couverts de gloire.
    Ce fut alors le tour de Regnault de Roye, dont le comte Maréchal frappa l'écu de guerre. Regnault se distingua autant que ses deux autres compagnons : il enfonça sa lance, à la deuxième course, dans l'écusson de son adversaire et à la troisième, il fit voler son casque à terre.
    Pendant cette journée et celles qui suivirent, Boucicault, Sempy et Reganault combattirent tous les chevaliers et écuyers qui se présentèrent dans la lice - Anglais, Espagnols, Allemands- et remportèrent tous leurs combats.
    A l'issue du quatrième jour, les chevaliers étrangers qui avaient pris part aux joutes échangèrent avec les chevaliers français quelques compliments de courtoisie et leur firent leurs adieux.
    Le roi de France retourna, comme les jours précédents, coucher à Marquise et le lendemain il partit pour Creil où se trouvait la reine. Il y fêta, ainsi que toute la cour, les trois glorieux tenants de retour de Saint-Inglevert qui avaient passé les trente jours portés dans le cartel de défi sans avoir eu de nouveaux combats à soutenir. Tel est le récit relaté dans la chronique.

    André VERLEY

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    La Semaine dans le Boulonnais

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  • JEAN LE BEL (v.1290 - v.1370)

     

    D'origine noble, il devint chanoine de la cathédrale Saint-Lambert, de Liège tout en menant une vie mondaine. Combattant à l'occasion, il fut dans l'armée anglaise d'Édouard III, aux côtés de son protecteur et ami, Jean de Beaumont, fils du comte de Hainaut.

    On assure, comme son nom le laisse deviner, qu' "ill astoit lyez, jolis, et savoit faire chanchons et vierlais". La petite histoire dit qu'en dépit de sa condition d'ecclésiastique, il eut, à un âge avancé des jumeaux d'une dame de haut lignage.

    Ses Vrayes Chroniques, écrites à la demande de Jean de Hainaut, racontent avec une sobre précision les débuts de la guerre de Cent Ans en couvrant les années 1329 -1367.

    Jean le Bel demeure assez impartial en dépit de sa sympathie pour les Anglais et Édouard III, au sujet duquel il rapportera cependant l'épisode peu glorieux du viol de la comtesse de Salisbury. Il est parfois de parti pris en faveur des chevaliers auxquels il déclare vouloir rendre justice.

    Œuvre d'une valeur historique de tout premier plan, les Vrayes Chroniques seront "pillées" par Jean Froissart qui l'évoque dans la première version de ses Chroniques :

    Pour encourager tous les nobles coeurs et montrer un exemple en matière d'honneur, moi Jean Froissart, je commence à parler, d'après la relation de Monseigneur Jean le Bel, jadis chanoine de Saint Lambert de Liège et je dis ainsi: plusieurs gens nobles et non nobles ont parlé maintes fois des guerres de France et d'Angleterre, qui n'en savaient ni sauraient justement dire, s'ils en étaient requis et examinés, comment ni pourquoi ni par quelles raisons elles vinrent. Mais voici le vrai fondement de la matière. Et parce que je ne veux rien mettre ni ôter, oublier ni corrompre, ni en rien abréger l'histoire, par défaut de langage, mais que je la veux multiplier et accroître autant que je pourrai, je vous veux de point en point parler et montrer toutes les aventures, depuis la naissance du noble Édouard d'Angleterre qui si puissamment a régné...


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  • Le dit dou florin

    Pour bien savoir argent desfaire,

    Si bien qu'on ne le scet refaire,

    Rapiecer ne remettre ensemble

    Car tel paour a que tous tremble

    Quand il est en mes mains venus,

    Point ne faut que nulle ne nuls

    Voist à Douay ou à Marcienes,

    A Tournay ou à Valencienes,

    Pour quérir nul millour ouvrier

    Que je sui l'esté et l'ivier,

    Car trop bien délivrer m'en sçai.

    Je l'alève bien sans assai

    Ne sans envoyer au billon.

    Aussi à la fois m'en pillon

    Aux dés, aux esbas et aux tables,

    Et aux aultres jus délitables;

    Mès pour chose que argens vaille,

    Non plus que ce fust une paille

    De bleid, ne m'en change ne mue.

    Il samble voir qu'argens me pue;

    Dalès moi ne poet arrester.

    J'en ai moult perdu au prester;

    Il est fol qui preste sans gage.

    Argent scet maint divers langage;

    Il est à toutes gens acointes;

    Il aime les beaus et les cointes,

    Les nobles et les orfrisiés,

    Les amourous, les envoisiés,

    Les pélerins, les marchéans,

    Qui sont de leurs fais bien chéans,

    Ceus qui sievent soit guerre ou jouste;

    Car à tels gens argent ne couste

    Nulle chose, ce leur est vis;

    Dalès euls le voïent enuis.

    Argent trop volentiers se change;

    Pour ce ont leur droit nom li change;

    Pas ne le scevent toute gent.

    Change est paradys à l'argent,

    Car il a là tous ses déduis,

    Ses bons jours et ses bonnes nuis;

    Là se dort-il, là se repose;

    Là le grate-on, c'est vraie chose!

    A suivre


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  • Tres que n'avoïe que douze ans

     

    Tres que n'avoïe que douze ans

    Estoïe forment goulousans

    De véoir danses et carolles,

    D'oïr menestrels et parolles

    Qui s'apertiennent à deduit,

    Et, de ma nature introduit,

    D'amer par amours tous céauls

    Qui aiment et chiens et oiseauls.

    Et quand on me mist à l'escole,

    Où les ignorans on escole,

    Il y avoit des pucelettes,

    Qui de mon temps erent jonettes,

    Et je qui estoïe puceaus,

    Je les servoïe d'espinceaus,

    Ou d'une pomme ou d'une poire,

    Ou d'un seul anelet de ivoire;

    Et me sambloit, au voir enquerre,

    Grant proesce à leur grasce acquerre.

    Et aussi es-ce vraiement;

    Je ne le di pas aultrement.

    Et lors devisoie à par mi:

    Quant revendra le temps por mi

    Que par amours porai amer.

     

    Extrait de Espinette amoureuse


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  • Article de revue

    A Lost Manuscript of Froissart Refound: Newberry Library Manuscript f 37

    A Lost Manuscript of Froissart Refound: Newberry Library Manuscript f 37

    Revue Manuscripta
    Éditeur Brepols Publishers
    ISSN 0025-2603
    Numéro Volume 19, Number 1 / MARCH, 1975
    DOI 10.1484/J.MSS.3.801
    Pages 15-26
    Date en ligne mardi 29 décembre 2009
     


     

    Auteurs

    Paul Saenger

    Résumé

    Sans résumé


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