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Titre : Ada, ou lardeur
Auteur : Vladimir Nabokov
Edition : Arthème Fayard, 1975
Titre original : Ada or Ardor
Traduction : Gilles Chahine et Jean-Bernard Blandenier (traduction revue par lauteur)
ISBN : 2-245-00334-9
490 pages
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Ce roman, paru initialement en anglais en 1969, est un diamant littéraire.
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Le thème essentiel, récurrent chez Nabokov, en est linceste.
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Mais contrairement au René de Chateaubriand, qui se morfond, en même temps que sa sur et loin delle, dans la torture morale et le remords chrétien, ou au personnage, plus actuel, de Aue dans Les Bienveillantes de Littel, qui nourrit pour sa sur une passion morbide et dévastatrice, Van Veen et Ada, sa cousine et demi-sur, assument, consomment et revendiquent un amour flamboyant, heureux, sensuel, quils conservent intact et mènent, malgré les vicissitudes et les séparations, parfois très longues, imposées par les conventions sociales, terriblement bourgeoises, jusquà la fin du roman, qui décrit la vieillesse paisible quils vivent enfin réunis.
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Pas de dénouement tragique, donc, puisque notre lecture sachève sur les réflexions existentielles dun Van de quatre-vingt-dix sept ans, narrateur et personnage principal, en train dapporter, aidé dAda, les dernières corrections au chapitre qui clôt le récit de ce magnifique amour, toujours vivace, qui na jamais faibli depuis les premières étreintes, immédiatement et furieusement charnelles, entre ladolescent averti de quatorze ans quil était et lardente jeune fille de douze ans quétait sa sur.
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Avant de réaliser leur rêve de vivre une vraie vie de couple à plus de cinquante ans, leur amour connaît maintes contrariétés, la plus douloureuse étant le suicide, à lâge de vingt-cinq ans, de la délicieuse Lucette, sur cadette dAda et cousine de Van, follement amoureuse de ce dernier, qui résiste à ses avances et à la proposition dAda de construire un « couple à trois » (car Ada adore sa sur à qui lunit une passion lesbienne parallèle.
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De nombreuses autres péripéties créent un suspens romanesque qui entraîne le lecteur dans une vie mondaine animée de personnages extravagants, dont Marina, la mère dAda, actrice excentrique, et le père de Van, Dementii, surnommé Démon, amant et beau-frère de Marina, et, accidentellement, père biologique dAda, voyageur riche et oisif collectionneur de lolitas (autre thème cher à Nabokov).
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Attention ! Aucune fausse pudeur dans ce très beau roman, que tout lecteur coincé dans létroitesse de ses préjugés moraux doit sabstenir de lire.
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Outre la sensualité réjouissante et jouissive qui déborde des lignes dAda, lélégance de lécriture (la traduction en français, revue par lauteur, est une réussite), linventivité romanesque (avec ses glissements équivoques entre deux univers parallèles, sa cartographie fantaisiste et sa folle toponymie), le foisonnement des parenthèses scientifiques (Ada est passionnée par les fleurs et les insectes et Van se passionne pour la philosophie et la psychologie), la multiplication des jeux de mots, les intrusions, dans le cours de la narration, de Van et dAda nonagénaires sous la forme de notes, de remarques ou de contestations, font de ce livre, à mon sens, un de ces chefs-duvre quon garde précieusement chez soi pour pouvoir y revenir, et en refaire une lecture heureuse, au minimum deux fois lan.
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Patryck Froissart, Boucan Canot, le 19 septembre 2008
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