• Titre : Neropolis

    Auteur : Hubert Monteilhet

    Editeurs : Julliard et Pauvert – 1984

    ISBN : 2260003745

    747 pages

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    Marcus Aponius, sénateur romain, veule, et cupide, est soudain ruiné par un caprice de l’empereur Caius, qui, ayant besoin d’argent liquide, l’oblige à lui racheter une de ses équipes de gladiateurs pour une somme astronomique.

    Son épouse en meurt de chagrin, lui laissant deux fils, Marcus et Kaeso.

    Quelque temps plus tard, sa nièce Marcia, jeune, fraîchement veuve et divinement belle, lui propose le mariage à l’exemple de l’empereur Claude, qui vient d’épouser sa propre nièce, et qui accorde ses faveurs impériales à qui veut bien l’imiter.

    La fortune sourit alors, de nouveau, à Marcus, qui souffre toutefois de se voir refuser, sauf lorsqu’il insiste, la couche de sa belle épouse, étant convenu entre eux que leur mariage resterait acte de pur opportunisme.

    Les années passent. Marcia entretient la maison sur un grand pied grâce aux largesses de ses nombreux amants, qu’elle choisit avec un art consommé de la séduction, parmi les plus riches et les plus haut placés des notables impériaux.

    Les enfants de Marcus grandissent, et une passion incestueuse naît entre Marcus junior et sa cousine et belle-mère, qui, devenue célèbre courtisane, pousse son beau-fils dans « l’ascenseur social » jusque dans le lit…de Néron, qui collectionne épouses, concubines, maris et amants.

    La relation tumultueuse entre Marcia et Marcus, qui, après une rencontre avec l’apôtre Paul, se sert du prétexte qu’il veut se convertir au christianisme pour repousser les avances de Marcia et celles de l’empereur, constitue l’intrigue maîtresse de ce roman fleuve au cours duquel l’auteur décrit complaisamment, et…plaisamment, les vices et la débauche effrénée de l’époque impériale, orgiaque et flamboyante (on y assiste, évidemment, à l’incendie de Rome par Néron), où toutes les expériences sexuelles sont encouragées au plus haut niveau, où les notables rivalisent d’ingéniosité et de cruauté dans l’organisation de jeux d’arène sanglants, où la capacité de corrompre figure parmi les qualités les plus nobles.

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    Le livre fourmille d’éléments tirés d’une documentation érudite, le discours est souvent brodé d’humour noir, de situations décalées, de comportements et de dialogues parfois, volontairement, anachroniques par leur modernité, et les personnages historiques, romains, païens, chrétiens et juifs y sont mis en scène et s’y rencontrent.

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    Le lecteur s’amuse : il devine vite que le dessein de l’auteur est, justement, de le distraire en l’instruisant.

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    Aventures, péripéties, passion, stupre, sang, dépaysement, événements historiques, tous les ingrédients du grand romanesque sont présents, et sont talentueusement dosés. S’y ajoutent des pages très « philosophiques », et des descriptions minutieuses, parfois pointillistes, du quotidien de la vie des Romains de cet âge qu’on peut qualifier, au choix, après avoir lu Monteilhet, de baroque, de brillant, de décadent, de cruel, mais qui éveille immanquablement la nostalgie d’une époque qu’on aurait aimé connaître par la chair et par l’esprit…

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    <o:p>Un chef d'oeuvre dans le genre...</o:p>

    Patryck Froissart, Boucan Canot, le 25 décembre 2007

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  • Que reste-t-il de Sagan ?

    Anthony Palou
    07/12/2007 | Mise à jour : 18:24 |
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    Insoumise et talentueuse, la jeune romancière connaît avec «Bonjour tristesse» (1954)
    Insoumise et talentueuse, la jeune romancière connaît avec «Bonjour tristesse» (1954)

    Alors que la journaliste Annick Geille raconte dans un récit son amitié particulière avec l’auteur de «Bonjour tristesse», morte il y a trois ans, une nouvelle biographie littéraire, et surtout un film de Diane Kurys avec Sylvie Testud, sont annoncés en 2008. Mais qui célèbre-t-on : l’écrivain ou le mythe ? Enquête et témoignages.

    De ces 380 belles pages signées Annick Geille * se dégage l’étrange parfum d’une époque définitivement perdue. Nous sommes à la fin des années 70. Toute jeune rédactrice en chef du magazine Playboy, Annick Geille n’a qu’une idée en tête : donner la parole, entre deux pin-up dénudées, à des écrivains. Elle rencontre alors Françoise Sagan, qui habite ce désormais fameux petit hôtel particulier du 25 rue d’Alésia. Il y a là Peggy Roche, l’amie de Sagan, ancienne mannequin, journaliste de mode et styliste. En ces années-là, l’auteur d’Un certain sourire publiait de très bonnes choses, comme Le Lit défait, Le Chien couchant ou encore La Femme fardée.

    Le récit d’Annick Geille peint une Sagan qu’on aurait tous aimé connaître. Le 25 rue d’Alésia ressemble à un café aux banquettes confortables, aux tables ouvertes. Tiens, voilà Jacques Chazot, tiens voilà Bernard Frank qui rentre de Grimaud où il vient de terminer Solde, une sorte de chef-d’oeuvre dont il avait le secret. Annick Geille passera des bras de Sagan à ceux de Frank. On vivait comme ça, par-delà les règles bourgeoises de l’amour. Un côté liaisons dangereuses. Jouissif et toxique à la fois. Selon Annick Geille : «Le mot d’ordre chez l’auteur d’Aimez-vous Brahms... était de tuer la comédie sociale.» On découvre ici et là une Sagan paresseuse qui ne cesse de travailler, joueuse qui ne cesse de se refaire, fugueuse qui ne cesse de fixer des instants avec un Polaroid, amoureuse qui ne cesse de s’en arranger. L’amour est comme le feu : on peut s’en approcher, mais il ne faut surtout pas s’y brûler. Un pas en avant, un pas en arrière. On saute pour un oui pour un non dans la Chevrolet, direction le manoir du Breuil à Equemauville, direction Cajarc dans le Lot. Sagan s’arrête souvent dans les stations-service. Elle dit qu’elle doit téléphoner alors qu’elle se cache pour se piquer au palfium. On entend sa voix quand elle dit : «C’est assommant», «C’est fichu» ou encore «C’est la barbe». Aussi, quand elle commande un taxi, «même du plus loin», expression toute saganienne. L’humour est sa morale, l’insouciance, un insecticide pour se débarrasser du poids des tracas quotidiens. L’argent ? S’en moquer. «Il n’a aucune valeur, il doit circuler.» Ou encore : «C’est un très bon valet et un très mauvais maître.» On la voit – «pfft, pfft» – balayer ce sujet prosaïque d’un revers de la main, signe de dédain. Une classe certaine.

    Cette petite femme à la santé entachée par les excès que l’on sait était en fait un roc. L’avocat François Gibault, qui fut son conseiller et son ami, se souvient de la première fois qu’il la rencontra, en 1961 : «On la croyait fragile sur ses jambes d’oiseau, mais elle était une force de la nature. Il fallait être solide pour mener une vie comme la sienne. Elle était très intimidante, car elle ne disait jamais de bêtises. Elle avait horreur de la vulgarité.» Il se souvient de l’incroyable pudeur de celle qui fit scandale (pour immoralité) en 1954 lors de la sortie de Bonjour tristesse. Françoise Sagan a eu la chance inouïe, comme elle disait, d’avoir vécu dans une époque exceptionnelle, celle d’après la pilule et d’avant le sida. Elle devait son élégance, sa générosité, sa convenance à son éducation. A 19 ans, lorsqu’elle demanda à son père ce qu’elle devait faire de tout cet argent qui lui tombait du ciel, il lui conseilla de le dépenser sans compter.

    Il reste un état d’esprit Sagan, celui d’une femme qui a fait ce que bon lui semblait sans se soucier des conséquences. Il n’est pas exagéré de dire qu’elle nous a donné des leçons de savoir-vivre, la première étant qu’il ne faut jamais se laisser tenir en laisse, la deuxième, de ne pas perdre son temps avec des crétins. Elle a vécu écrivant une oeuvre qu’elle savait modeste. Tout entière dans la littérature, elle n’était pas Stendhal, elle n’était pas Proust, et avait la grâce de le reconnaître. Elle disait ce qu’elle pensait, étant ainsi toujours d’accord avec elle-même. Jamais de regrets, jamais de remords, telle semblait être sa devise toute nietzschéenne. Mais son désespoir ne lui laissait aucun répit. Il y avait de la nausée sartrienne en elle. Les mythes ont le défaut des masques mortuaires : ils momifient. Celui de Sagan ? Vitesse, Saint-Tropez, argent, voitures décapotables, alcool, drogue, jeu, paresse, ennui... Le personnage était bien plus complexe, bien sûr, insaisissable, dans la tourmente.

    La fin est sordide. Seule, protégée jusqu’à l’asphyxie par Astrid, elle s’éteint à 19 h 45, le 24 septembre 2004, à l’hôpital de Honfleur, cinquante ans après la parution de Bonjour tristesse. Son corps repose au cimetière de Seuzac, près de Cajarc. Elle a rejoint dans le caveau Peggy et Bob Westhoff, son second mari, avec qui elle eut son seul enfant, Denis. Que la vie semblait douce et facile avec Sagan, comme tout semblait possible. Mais la frivolité a un prix. Tout se paye. Sagan et sa bande ont disparu. Aujourd’hui, le casino est fermé, les lumières sont éteintes. Quelle gueule de bois...

    * Un amour de Sagan, Pauvert, 380 p., 20 €.

    A paraître le 10 janvier : Sagan à toute allure (Denoël), de Marie-

    Dominique Lelièvre.

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  • ART SCÉNIQUE : THÉÂTRE A PORT-LOUIS (MAURICE)
    Zadig des Mascareignes
    Article paru dans Week-end scope

    La destinée de Zadig se poursuit au théâtre. Ce conte
    voltairien a été adapté et présenté sur les planches
    portlouisiennes par des élèves du Lycée des Mascareignes.
    Deux représentations ont été données la semaine dernière.
    Aboutissement d'une année de travail de quelque 70 lycéens
    qui, sur scène ou dans l'ombre, ont participé à ce projet
    culturel et artistique. La pièce est portée par toute une
    cour d'acteurs et de figurants : coachés par Mayliss
    Testamarck, comédienne professionnelle qui a notamment
    apporté son soutien à la mise en scène.

    Dictature. Les tribulations scéniques de Zadig mènent
    jusqu'au Babylone antique, et en rapporte l'universalité
    de l'œuvre philosophique : goût du pouvoir, recherche du
    bonheur et jalousie. Le caractère intemporel du conte
    voltairien est accentué dans la présente adaptation. Marek
    Ahnee explique avoir ajouté un passage au déroulement
    originel : une scène de dictature qui confère une vision
    moderne à la pièce. Le fourbe Arimaz profitant de la
    faiblesse de l'incapable roi Moabdar pour prendre le
    pouvoir.

    Inaction. Cet aspect de la pièce, poursuit notre
    interlocuteur, soulignant que l'inaction des gens de bien,
    que représente le personnage de Zadig, entraîne toujours
    la victoire du mal. L'initiative des étudiants du lycée
    est, dans cette optique, une démarche plus
    qu'intéressante. D'autant plus, qu'aucune version
    théâtrale du conte n'était disponible avant l'adaptation
    réalisée par Marek Ahnee. Ce dernier a aussi travaillé à
    créer une interaction entre les personnages en leur
    impartissant paroles et répliques.

    Observations. Les moments clefs du conte ont été bien
    exploités et amènent à une bonne compréhension de
    l'histoire. Observation de Jean-François Achille,
    responsable de l'option théâtre au Lycée Labourdonnais, à
    Curepipe. L'enseignant ajoute que cette initiative est à
    suivre pour le développement du théâtre. Rejoint dans son
    propos par Henri Favory. L'homme de théâtre applaudit
    cette entreprise estudiantine révélant la créativité, et
    souhaite que cela se répande en donnant envie de faire du
    théâtre ou le courage de mieux faire. Et conclut, "c'est
    en forgeant qu'on devient forgeron !"

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