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    Titre : La princesse de Siam

    Auteur : Alexandra Jones

    Traduction : Marie-Louise Navarro

    Editeur : France Loisirs – Presses de la Cité – 1990

    ISBN : 2724264533

    421 pages

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    Elly a huit ans. Elle est la fille d’un médecin danois, veuf, qui exerce son art au service de la Cour Royale et du Régent de Siam à la fin du XIXe siècle.

    Phra Tod a neuf ans. Il est le fils d’un prince de Siam et d’une de ses concubines, une Anglaise.

    Le père de Phra Tod, après être devenu bonze et avoir revêtu la robe safran, continue, en contravention avec la loi du royaume, d’avoir des relations sexuelles avec sa concubine, qui tombe enceinte.

    Le prince est décapité, et le Régent ordonne qu’on fasse mourir la concubine à petit feu.

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    Elly, qui accompagne volontiers son père au chevet des patients, et Phra Tod se rencontrent au chevet de la concubine anglaise, qui, sur le point d’accoucher, meurt devant eux.

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    Elly, peu après, est envoyée par son père au Danemark pour y faire son éducation. Phra Tod assiste à son départ et se jure qu’elle sera un jour à lui.

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    A l’issue d’un long séjour au Danemark, où elle côtoie la famille régnante, Elly revient au Siam avec un diplôme de chirurgien et monte une clinique populaire.

    Pendant ce temps, Phra Tod a dû fuir le pays et le Régent, et a fait fortune dans le trafic de jade au Cambodge et à Saïgon avant de pouvoir, le Régent étant mort, rentrer au pays.

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    Leurs vies se croisent à nouveau, et le serment de Phra Tod se réalise. Ils se marient, bien que Phra Tod ait déjà une épouse et des concubines, mais leur amour est traversé de crises, de tumultes, de ruptures et de retours, alors que Phra Tod, gagné à l’idéologie démocratique occidentale, entre en résistance contre le régime monarchique, et que son épouse se consacre à l’exercice de la médecine.

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    On l’a compris : il s’agit d’un roman d’aventure et de passion amoureuse, au cours de quoi  s’affrontent, dans le couple, les mentalités européenne d’Elly et asiatique de Phra Tod, les idées progressistes et les traditions, sur fond d’histoire mouvementée d’un pays au régime despotique qui élimine ses opposants sans aucun scrupule.

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    Les clichés, et l’ethnocentrisme, ne sont pas absents, et la position sociale des protagonistes est conventionnelle.

    Mais le suspens est habilement entretenu, et on se laisse prendre, sans réticence, à l’enchaînement des péripéties.

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    Voilà un livre délassant, qu’on peut parcourir aussi bien à la plage qu’au coin du feu.

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    Patryck Froissart, Boucan Canot, le 27 novembre 2007

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  • Titre : La passion du docteur Christian

    Auteur : Colleen Mc Cullough

    Editeur : France Loisirs

    Titre original : A creed for the third millenium<o:p></o:p>

    Traduit de l’anglais par Françoise Cartano<o:p></o:p>

    ISBN 2724229029

    352 pages


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    L’histoire se passe vers 2030, alors que la planète connaît une glaciation brutale. Les populations se concentrent dans la zone intertropicale, fuyant les grands froids contres lesquels, les sources d’énergie fossiles étant quasiment épuisées, elle ne peut lutter.

    Dans ce qui reste des Etats-Unis, comme ailleurs, une politique draconienne de limitation des naissances a été instituée, car la réduction des terres cultivables a entraîné une chute dramatique de la production agricole, et seule la diminution rapide et contrôlée de la courbe des naissances permet au peuple de survivre.

    Dans ce contexte, le gouvernement américain enregistre une hausse exponentielle des dépressions aboutissant à toujours plus de suicides.

    Il faut redonner de l’espoir aux citoyens, sinon les Etats-Unis sombreront dans le chaos.

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    Le Dr Judith Scarriott est chargée par le président de mettre au point une opération miracle : il s’agit, secrètement, de sélectionner le citoyen américain le plus à même, par un charisme naturel, de restaurer la confiance en l’humanité et en la grandeur de la destinée du pays.

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    Après des années de filtrage informatique de millions de dossiers individuels, émerge un certain Dr Joshua Christian, qui soigne, justement, les dépressifs dans sa petite clinique privée.

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    Judith Scarriott reçoit mission officielle de l’aider à écrire le « Livre » qui sera diffusé massivement aux Etats-Unis puis dans le reste du monde, et de l’amener à entreprendre une série de conférences de ville en ville, jusqu’à ce que le Dr Joshua Christian, sublimé en nouveau Messie, accomplisse son chemin de croix...

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    On l’a compris, Judith Scarriott est Judas l’Iscariote, Joshua Christian est le nouveau Jésus Christ, etc... et le roman est une version moderne de la Passion.

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    Bien que les références, plus ou moins avouées, à la Passion du Christ sous-tendent le récit, on peut lire le roman, et se laisser prendre à son suspens habilement entretenu, sans avoir fréquenté le catéchisme.

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    Cela se lit bien, et le lecteur est invité à réfléchir sur les mécanismes du conditionnement des masses par les médias, et sur la situation de catastrophe durable qui attend les générations futures si nous ne nous mettons pas d’urgence à gérer raisonnablement notre planète.

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    Patryck Froissart, Boucan Canot, le 21 novembre 2007<o:p></o:p>


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  • Titre : Sueurs de sang<o:p></o:p>

    Auteur : Abhimanyu Unnuth<o:p></o:p>

    Traduit du hindi en français par Kessen Budhoo et Isabelle Jarry<o:p></o:p>

    Titre original : Lal Passina<o:p></o:p>

    Préface de J.M.G. Le Clézio<o:p></o:p>

    Editeur : Stock (2001)<o:p></o:p>

    Collection : La Cosmopolite
    ISBN:  <o:p>2234053536
    423 pages 

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    Abhimanyu Unnuth est un romancier mauricien qui écrit en hindi, auteur de plus de trente romans. Sueurs de sang est le seul qui ait été traduit en français.

    L’histoire se situe à Maurice au 19e siècle, au moment de l’abolition de l’esclavage. Les esclaves d’origine africaine et malgache désertent en masse les propriétés agricoles. Les colons français de Maurice ont besoin de main d’œuvre. C’est alors que se met en place l’engagisme, et que des dizaines de milliers d’Indiens, trompés par les fausses promesses des rabatteurs, troquent la vie misérable qu’ils mènent en Inde contre le sort, encore plus épouvantable, qui les attend une fois débarqués sur la terre promise.

    Le roman décrit la violence quotidienne des engagés sur les plantations, les coups incessants, les viols des jeunes femmes par les patrons, la faim, les humiliations, la torture, la prison, les injustices, la privation totale du moindre droit. Les colons et leurs contremaîtres ont pouvoir de vie, de mort, de cuissage. Les cérémonies religieuses du pays d’origine sont interdites, tout comme l’enseignement de la lecture et de l’écriture des langues maternelles, les chants, la circulation hors du domaine… Les mariages ne peuvent se faire que sur décision du maître. La vie des chiens des blancs est infiniment plus douce que celle de ces ouvriers corvéables à merci. Et, bien sûr, le contrat de départ, qui prévoyait un retour possible au pays, devient caduc dès que le bateau quitte les côtes de l’Inde.

    Et pourtant, les damnés de la terre vont peu à peu redresser leur front, leur échine, couverts de sueurs de sang. Kundan, Kissan, puis le fils de ce dernier, Madan, osent se rebeller, regarder le blanc dans les yeux, et organiser la résistance.

    Leur héroïsme finit par venir à bout de la résignation des uns, de la lâcheté des autres. La lutte est longue, difficile, ponctuée de morts violentes. Les éléments eux-mêmes semblent être du côté des oppresseurs, les cyclones dévastant les petits champs de légumes dont les laboureurs, au prix de nombreuses vies, ont réussi à devenir propriétaires. Les épidémies déciment les villages. La souffrance et la mort sont omniprésentes.

    Mais l’amour est là, lui aussi. La misère absolue n’empêche pas les passions de naître, bien que tout le système soit organisé pour qu’on n’ait pas le temps, le loisir, ni la force d’aimer, de penser à autre chose qu’à se protéger des coups de fouet, ou à ce qu’on va manger le lendemain.

    Les organisateurs des camps de concentration nazis, hélas, n’ont pas eu grand-chose à inventer en l’art de dégrader l’homme, ne serait-ce que le fait de considérer l’individu comme un numéro : les engagés portent au cou leur plaque minéralogique…

    L’île Maurice, paradis des touristes ? Qu’ils lisent ce roman, au moins, avant de se prélasser sur nos belles plages. Fasse ce livre qu’ils sentent, dans le sable, sous leur dos bronzé, la trace des sueurs de sang !

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     Patryck Froissart, le 5 janvier 2006<o:p></o:p>


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  • Titre : Noir prophète

    Auteur : Marc Durin-Valois

    Editeur : J.C. Lattès, Paris, 2004

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    Voilà un roman bien étonnant.

    Un jeune Parisien, Frédéric Madovski, travaille pour le SERDA, Service d’Etude et de Recherche pour le Développement de l’Afrique.

    En Ouganda, des rumeurs font état d’un prédicateur obscur, Juwna, dont les discours détourneraient les disciples de toute activité sociale, productive, économique.

    Les destins de Frédéric et de Juwna peu à peu s’entremêlent. La vie de l’un dépend de l’autre sans qu’aucune rencontre ait jamais lieu, sans qu’aucune communication s’établisse entre les deux hommes.

    Partie de l’Ouganda, une étrange épidémie se répand dans le monde entier.

    La modernité de notre société se désagrège, pan par pan. Les employés des transports quittent leurs postes en masse, puis les personnels de bureau des grandes et petites entreprises jettent leurs ordinateurs par les fenêtres. Ce sont ensuite les téléspectateurs qui délaissent les écrans, ce qui provoque une crise de la publicité, puis des faillites en série. Des gens se mettent à aller s’installer et vivre les uns chez les autres. Les adeptes des grandes religions se détournent des lieux de culte. Tout semble peu à peu s’écrouler, matériellement, idéologiquement, socialement, économiquement, philosophiquement : « tout fout le camp ».

    Les pouvoirs tentent par tous les moyens de circonscrire l’agitateur : corruption, propagande avilissante, tentatives d’assassinat. Rien n’y fait. Le mal s’étend, menace de détruire « la civilisation ».

    Frédéric, intégré par hasard dans l’équipe chargée d’étudier les moyens de neutraliser le « prophète », de plus en plus fasciné par le personnage, finit par franchir la ligne : il fait prévenir l’entourage du mage de tout ce qui se prépare pour l’abattre.

    Je ne dirai pas ici comment finit le roman.

    L’intrigue est fort bien montée, et le suspens garanti.

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    Patryck Froissart, le 19 janvier 2006


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  • Titre : L’équilibre du monde<o:p></o:p>

    Auteur : Rohinton Mistry

    Editeur : Albin Michel, 1998

    Titre original : A fine balance

    Traduit de l’anglais par Françoise Adelstain

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    Ce long roman de 700 pages nous introduit dans l’Inde contemporaine pour nous y faire partager l’intimité de personnages croqués à la façon d’Eugène Süe ou de Charles Dickens.

    Au centre d’un tourbillon réaliste qui va broyer cruellement la plupart des protagonistes se trouve Dina Dalal, une jeune et jolie veuve, anticonformiste, qui se voit contrainte, pour ne pas dépendre financièrement de son frère, d’accueillir chez elle un hôte payant, jeune étudiant, et deux tailleurs qui fabriquent pour elle à la pièce des robes qu’elle vend à une entreprise de prêt-à-porter locale.

    L’auteur raconte successivement le passé de ces 4 personnages principaux, puis ce qu’ils vivent ensemble durant une année universitaire, et ce qu’ils deviennent après leur séparation.

    Les destins sont tragiques, sur contexte d’une Inde qui se modernise et se « démocratise » de manière anarchique, dans la corruption, le non-droit, la cruauté, l’implacable application des règles archaïques qui régissent les relations entre les castes, l’impitoyable loi du plus fort, et l’effondrement de tous les espoirs d’échapper à la rigidité sociale.

    Le Roi des Mendiants, exploiteur et protecteur cynique des mendiants de la ville, dont le cul-de-jatte Shankar, mutilé peu après sa naissance de façon à susciter la pitié des passants, le collecteur de cheveux qui finit par tuer pour assurer sa moisson, le receveur des loyers, Ibrahim, qui se fait un honneur d’appliquer les menaces d’expulsion des locataires ne pouvant plus payer, le policier Kesar, qui conduit sans pitié les démolisseurs des bidonvilles installés, avec la complicité de responsables municipaux corrompus sur les lieux publics, tous sont à la fois répugnants et pitoyables, chacun montrant, étonnamment, en certaines circonstances des sentiments d’une beauté dont on ne les aurait pas crus capables.

    Les situations, les dialogues, les lieux sont d’un réalisme cru, trivial, révoltant, horrifiant parfois. Mais la vulgarité, l’obscénité, la pourriture humaine s’inscrivent de façon tellement naturelle dans cette immense cour des miracles que le lecteur s’y fait vite, d’autant que, dans cet univers nauséeux, les quatre personnages centraux, ainsi que d’autres rencontrés au hasard de chacune de leurs destinées, apparaissent comme peu à peu sanctifiés par leurs propres actes, dépouillés progressivement de leurs défauts, et de leurs ambitions.

    Les fumiers les plus puants nourrissent toujours des roses...

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    Patryck Froissart, le 29 janvier 2006


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